Transcription du meetup "Pluralisme monétaire : Pierre NOIZAT, pionnier du Bitcoin en France"
Rachel Publié le
02/05/2022
Voici la transcription du meetup du 9 décembre 2021 pendant lequel nous avons reçu Pierre Noizat, de Paymium.
Il est venu nous parler de “Pluralisme monétaire”.
Immersion avec lui pendant 1h30.
Le replay
Transcription
Pierre Noizat :
“Bravo à Blockchain et Société pour les 50 meetups.
C’est quand même remarquable je pense qu’il n’y a pas autant d’associations que ça qui font un tel boulot de pédagogie, de rencontre en France.
Donc encore une fois bravo et merci de m’accueillir pour parler de Paymium.
Très vite, comme l’a dit Laure, c’est la première plateforme d’échanges bitcoins - euros au monde.
Chronologiquement, en taille, on a été dépassé, on ne va pas se mentir, par quelques-unes que vous connaissez pour différentes raisons que je pourrais vous expliquer mais qui ont trait au contexte européen.
Il faut effectivement s’expatrier dans des contrées offshores.
Ça peut être un choix de vie mais ce n’était pas le mien en tout cas.
Donc moi j’ai décidé de…
C’est un peu comme les alpinistes qui veulent franchir des montagnes difficiles, ça m’intéresse plus que de gravir une colline.
Donc on n’est pas parti offshore, on est resté en France et c’est plus compliqué…
Parce qu’il y a un lobby bancaire extrêmement puissant et qu’on a eu des difficultés effectivement avec les banques, globalement.
Et ces difficultés continuent encore en 2021.
C’est ce que je voulais dire pour le contexte français des cryptos.
Il y a encore des gens qui se font fermer leur compte en France parce qu’ils échangent des cryptos.
Aussi délirant que ça puisse paraître, c’est encore le cas.
Ça n’empêche qu’on progresse chaque année chez Paymium.
On est on a 250 000 clients.
On brasse à peu près 100 millions d’euros cette année sur la plateforme.
Et en progression, on est quasiment sur un doublement de nos chiffres d’une année sur l’autre, par rapport à 2020.
Contrairement à ce que vous pouvez lire parfois dans les médias, il n’y a jamais eu, de notre point de vue, de chute du bitcoin.
Il y a parfois une volatilité du cours qui peut s’expliquer en tout cas avec cette technologie qui progresse chaque année de manière régulière.
On est au tout début.
On est tous d’ailleurs des « adopters » et au bout de dix ans, c’est encore le tout début.
Je pense qu’il faudra encore une dizaine d’années au moins de maturation et là dans dix ans, on pourra dire qu’on sera en adoption de masse.
Mais aujourd’hui on est tous des « early adopters ».
C’était pour vous donner ces éléments de contexte sur moi.
Je suis venu aux cryptos par la science, puisque j’ai une formation d’ingénieur.
Je ne suis pas venu en tant que financier et vous imaginez bien qu’en 2011 de toute façon, (et avant), ça n’intéressait que des gens sous l’angle informatique et sciences.
Ce n’était pas une affaire de financiers à l’époque.
Donc il n’y avait pas de financier intéressé par bitcoin à l’époque.
Et ça a évidemment bien changé, surtout en 2017 - 2018 avec la vague des ICO, où toute la finance traditionnelle est venue.
Pas mal de gens ont quitté leur job d’ailleurs et sont venus sur les cryptos.
C’était une période intéressante et ça a contribué à la croissance qu’on connaît encore aujourd’hui.
Alors de quoi je vais vous parler aujourd’hui ?
Je ne vais pas vous parler de Paymium parce que c’est exchange, c’est-à-dire une bourse d’échange.
Il y a des brokers qui sont parfois passés par des échanges.
Nous, on est un exchange, c’est à dire qu’on met en rapport des acheteurs et des vendeurs.
On ne vend pas des coins et on ne rachète pas des coins pour notre compte propre, comme le font les brokers, comme le sont pas mal de nos concurrents.
On a vraiment une plateforme avec un moteur de trading et un carnet d’ordres.
Donc c’est différent d’un broker.
Typiquement, la différence est que vous allez payer des « fees » moins élevés sur un exchange que chez un broker.
Après, il y a le « spread » qui peut être plus important sur une plateforme.
Le « spread » est l’écart entre le meilleur vendeur et le meilleur acheteur.
Cet écart peut être plus ou moins grand, effectivement, c’est ce que vous payez en plus de la commission.
Mais globalement, on est sur une commission, chez-nous, inférieure à 1%.
Je tenais à vous le dire quand même parce que chez tous les brokers, vous payerez 1,5% de commissions.
Après, objectivement, la problématique de la commission sur l’achat ou la vente des cryptos…
Quand une crypto peut varier de 10% à 20% dans la journée, c’est vrai que vous vous en foutez un peu de payer 1% de commissions.
Quand vous avez une plus-value de 20% dans la journée, le sujet de la commission…
et on s’aperçoit à l’usage, nous, on le voit de notre fenêtre, que ce n’est pas le sujet central pour certaines personnes.
Par contre, si vous êtes vraiment un trader régulier, ça peut être un sujet surtout si vous utilisez un bot de trading.
Ça c’était pour présenter un peu ce je fais dans l’écosystème.
Donc pourquoi on a fait en 2011 un exchange ? …
parce qu’en 2011, c’était le tout début, il y avait tout à faire.
En fait, en 2011 il y avait un vrai besoin, une vraie problématique d’accéder aux cryptos.
Ce n’était pas si simple de trouver quelqu’un qui allait vous les vendre de la main à la main, même si c’était possible.
Donc il y a eu Mtgox, qui existait à l’époque et qui depuis, comme vous le savez, a disparu…
qui n’inspirait pas trop confiance pour plein de raisons et donc c’était la raison pour laquelle on s’est dit « on va peut-être faire une autre plateforme, en concurrence avec Mtgox », pour justement amener un peu de sérieux, de professionnalisme.
Et c’est ce qu’on a fait.
Vous connaissez l’histoire de Mtgox.
Nous, on est toujours là, donc quelque part, on n’a pas eu tout faux sur ces questions.
Donc de quoi je veux parler ce soir ? Ce n’est pas l’exchange mais de bitcoin, sous l’angle plus généralement des cryptos par rapport à la finance traditionnelle et j’irai aux attaques et aux critiques qu’on entend.
Vous devez tous, en tant qu’avertis du domaine des cryptos, quand vous rencontrez des gens, vous devez être sûrement bombardés d’objections, de questions et éventuellement de critiques.
Et mon propos ces dernières années a été effectivement de donner des arguments.
Après, vous pouvez vous les approprier, les rejeter, on pourra en discuter dans la session questions - réponses.
Mais en tout cas, au fil des ans, les arguments des opposants sont tombés les uns après les autres.
Par exemple, la disparition du bitcoin, ils n’y croient plus trop eux-mêmes.
Ils ont tous la mort de bitcoin et aujourd’hui, il y a moins de gens qui le font parce qu’ils se rendent bien compte qu’ils sont un peu ridicules.
Donc je pense qu’on n’est plus sur ce sujet.
Le seul sujet qu’ils arrivent vraiment à maintenir en vie de manière efficace, par la presse, notamment il y a eu un article du Monde encore cette semaine, donc c’est la question de l’utilisation de l’énergie, notamment par bitcoin.
Effectivement la discussion sur preuve d’enjeux vs.
preuve de travail est super intéressante donc c’est ça que je vais vous proposer dans la présentation.
1ère slide : le prêt bancaire
Souvent ce que vous observez, quand vous commencez à parler de bitcoin, si vous allez immédiatement sur l’explication de comment fonctionne bitcoin vous risquez de perdre les gens parce que, parce que c’est assez technique.
En fait la question qu’il faut se poser, c’est quelqu’un qui vous demande « comment fonctionne bitcoin ? », est-ce qu’ il sait au moins comment fonctionne l’euro ? Et en fait dans 99% des cas, vous allez vous apercevoir que les gens qui vous demandent comment ça fonctionne, ne savent pas comment fonctionne la monnaie qu’ils sont obligés d’utiliser.
C’est normal parce que comme ils st obligés de l’utiliser, ils ne se sont jamais posé la question.
Si vous êtes obligés d’utiliser un truc, vous ne vous posez pas la question sur le truc.
D’ailleurs autre parenthèse, c’est que dans le débat politique en ce moment autour de la présidentielle, vous remarquerez que la question de l’euro est totalement sortie.
C’est une question qui n’est jamais abordée, celle du monopole monétaire, puisqu’on vous l’impose, vous avez l’impression que vous n’y pouvez rien.
Vous trouvez normal qu’on n’en parle pas.
Au bout d’un moment il y a cette espèce d’esprit qui fait qu’on a sorti totalement la question de la monnaie des débats politiques, et en particulier celle du monopole, qui est celle que je pose régulièrement.
Donc je rappelle toujours comment fonctionne l’euro.
Et l’euro est donc ce que l’on appelle de la monnaie dette, de la monnaie fiat en anglais on dit souvent ça.
Et pour l’illustrer, je vous montre ici comment ça se passe, à travers un prêt bancaire.
Le prêt bancaire est une transaction de création monétaire, dans lequel avant la transaction, on a un état du bilan de la « banque » et de « Bob », qui est ce qu’il est.
Après la transaction de création monétaire, on a donc l’émission d’un prêt attribué à Bob.
A ce moment-là, le bilan de la banque et celui de Bob ont changé, ils ont augmenté.
La taille du bilan a augmenté côté banque.
Un bilan est toujours équilibré.
Vous avez vous avez des notions de comptabilité, tous ou pas ? Parce qu’un bilan comptable, ce n’est pas quelque chose de très naturel, de très intuitif pour des gens qui n’ont pas un peu étudié la compta.
Ce n’est pas ce qu’il y a plus intuitif, la compta.
J’ai même coutume de penser que c’est même quelque chose d’assez compliqué si on rentre dans les détails.
Mais globalement retenez qu’un bilan est toujours équilibré, avec une colonne actif et une colonne passif et ça s’équilibre.
C’est ce que font les comptables.
Donc par exemple la banque a émis un prêt pour Bob donc ça vient à son actif parce que maintenant Bob lui doit de l’argent, donc c’est quelque chose qui va rapporter à la banque.
Bob lui doit de l’argent avec des intérêts donc c’est dans la colonne actifs.
Par contre le compte de Bob, qui lui, affiche la même somme, puisqu’on a débloqué le prêt.
Donc maintenant le compte de Bob est à 10 000 euros en plus.
C’est une dette de la banque vis-à-vis de Bob.
Ils disent que sous forme de dette, on ne possède jamais vraiment les euros.
Tout ce qu’on a c’est une dette à la banque.
Vous pouvez dire que vous possédez les euros le jour où vous allez au distributeur les retirer sous forme de billets.
Vous pouvez considérer que quand c’est des billets vous êtes un peu votre propre banque, un peu comme dans bitcoin mais avec la limite que le billet n’a pas de réelle contrepartie.
Donc le bilan de la banque a augmenté de 10 000 euros, le montant du prêt, et chez Bob c’est un peu la même chose : il a un compte bancaire maintenant qui a alimenté avec les 10 000 euros mais il les doit à la banque.
C’est un peu un tour de passe-passe, le jeu de Bonneteau : vous n’avez rien vu, on a créé 10 000 euros en une transaction.
Donc c’est vraiment une création ex-nihilo.
C’est important que les gens le comprennent parce que sinon après, quand on parle des cryptos, ils vont vous dire « ouais mais c’est de l’argent magique, il n’y a pas de contrepartie, c’est créé ex-nihilo » …
« bah oui mais c’est comme l’euro alors ».
Et on va voir en plus que dans le cas de bitcoin, il y a un coût collatéral.
La deuxième chose très importante qu’il faut bien comprendre sur l’euro, c’est que si c’est un prêt de pair à pair, entre particuliers, il n’y a pas de création monétaire, d’où confusion sur la notion de « loyer de l’argent ».
Donc les banquiers ont tendance à vous faire croire qu’il y aurait une « times value of money » c’est à dire qu’il faut récompenser le fait qu’on vous loue de l’argent.
Or dans le cas de la banque, vous avez bien compris qu’il n’y a pas de location, ce n’est pas un loyer puisque c’est une création ex nihilo.
Donc la banque ne renonce pas à jouir d’une somme nouvelle puisqu’elle l’a créée ex nihilo.
Il n’y a pas de renoncement.
Par contre, si c’est un prêt entre particuliers, il y a un renoncement à profiter de la monnaie que j’ai pour moi et je la prête à quelqu’un d’autre.
C’est exactement comme quand vous prêtez votre voiture ou votre appartement.
Dans ce cas-là, la notion de loyer de l’argent a un sens.
Cette distinction entre prêts bancaires et prêts de pair-à-pair est très importante parce que sinon on ne comprend pas ce que c’est que la notion même d’intérêt.
Ce qui pose la question de c’est quoi les intérêts quand c’est un prêt bancaire ?
Alors là, il y a l’explication magique : les intérêts, c’est pour couvrir mon risque.
Je n’ai pas bien compris parce que ça a été créé ex nihilo donc je ne sais ce qu’est le risque.
Est-ce que c’est un risque de faillite ? Non puisque toute façon, il y a un prêteur de dernier ressort qui s’appelle la Banque Centrale, qui va venir au secours de la banque si jamais les prêts ne sont pas remboursés donc il n’y a pas de faillite en fait, ou alors ce sont vraiment des circonstances très particulières ! On ne sait pas très bien à quoi correspondent les intérêts sur un prêt bancaire.
En tout cas je vous invite à y réfléchir et à questionner parce que cette notion est très importante puisque c’est une grande partie des revenus de la banque et ça coûte très cher aux particuliers.
Donc dans le cas d’un prêt de pair à pair, retenez que c’est juste un transfert d’euros d’un compte à un autre, et il n’y a pas de création monétaire.
2ème slide : « Energie – Travail »
Maintenant qu’est ce qui se passe quand c’est une cryptomonnaie, notamment bitcoin, c’est-à-dire quand il y a une preuve de travail ?
Pour répondre à cette question, il faut déjà savoir ce que c’est que l’énergie et le travail et comprendre qu’en fait c’est la même chose.
Le travail c’est un flux d’énergie.
Quand vous fournissez un travail sur un mois, vous fournissez un flux d’énergie pendant un mois donc l’énergie est votre puissance de travail multipliée par la durée.
L’énergie c’est la puissance à appliquer sur une certaine durée donc sur un mois à la fin, vous avez fourni à votre employeur une certaine quantité d’énergie et vous recevez de la monnaie en échange sous forme d’un salaire.
Donc il y a bien une équivalence entre énergie et monnaie, en tout cas on accepte cette équivalence, ce qui fait dire que la monnaie est une représentation de l’énergie.
C’est indiscutable puisqu’on l’accepte comme une représentation.
Ce n’est pas de l’énergie au sens…
Quelle est la différence entre la monnaie l’énergie ? L’énergie, vous pouvez trouver la définition…
La monnaie, on ne peut pas se chauffer avec.
Si je vous la donne, vous allez me demander si ce chèque par exemple n’est pas un chèque en bois, ou si c’est des bitcoins, est-ce qu’il n’y a pas eu une double dépense.
Le bitcoin est une information numérique donc ce n’est pas de l’énergie, c’est de l’information.
Donc effectivement, l’énergie obéit à la loi de la conservation, le premier principe de la science de l’énergie qu’on appelle la thermodynamique.
Je préfère parler de science de l’énergie parce que ça fait moins peur.
La science de l’énergie nous dit « conservation de l’énergie » donc dans le cas de l’énergie si je vous la donne…
je ne l’ai plus…
il ne peut pas y avoir de création d’énergie ni de destruction d’énergie.
Par contre la monnaie, on peut la créer et la détruire, on peut la copier, faire de la fausse monnaie.
On ne peut faire de la fausse énergie.
Donc ça c’est la différence entre la représentation de l’énergie et l’énergie elle-même.
C’est juste des rappels.
Si vous avez fait un peu de thermodynamique, c’est clair pour vous.
Si ce n’est pas le cas par contre, ça peut être des notions un peu nouvelles.
La mesure de l’énergie c’est le Joule.
Vous entendez souvent parler de watts heure.
A ce moment-là, ce ne sont pas des watts par heure, ce sont des watts multipliés par des heures, puisqu’une énergie, c’est une puissance appliquée pendant un certain temps.
Donc en gros, 1 watt-heure est une puissance appliquée pendant une heure, donc c’est 3600 Joules.
1 Joule, c’est 1 Watt par seconde, c’est-à-dire 1 watt pendant 1 seconde.
Donc voilà un peu les mesures que vous voyez aussi dans les débats sur le changement climatique etc., de l’énergie en général.
On parle de watt-heure, on ne parle pas de Joules.
L’unité internationale, c’est le Joule.
Donc si on déplace un poids comme ça avec un moteur, on a converti de l’énergie.
On n’a pas créé de l’énergie, on l’a convertie.
Là par exemple, on convertit de l’énergie électrique en énergie mécanique.
Cette énergie mécanique, on l’applique à un poids, un paquet.
Du coup, vous allez me dire « mais où est passé l’énergie ? », parce que là, on a appliqué de l’énergie, on a consommé de l’énergie.
Et comme vous avez dit conservation, elle n’a pas disparu donc où est-ce qu’elle se retrouve, cette énergie ? Est-ce que quelqu’un connaît la réponse ? …
Voilà, c’est cette fameuse énergie potentielle, merci.
Et en l’occurrence, une énergie potentielle de gravitation, qui va être liée aux déplacements du poids vers le haut.
Donc on a stocké de l’énergie potentielle.
Ça ne se voit pas.
Ce qui est fascinant avec l’énergie, c’est que ça ne se voit pas mais ça a des effets bien concrets bien réels.
Ça aussi c’est un truc important et un point commun avec la monnaie.
Elle est invisible mais elle a un effet considérable sur notre vie quotidienne.
Cette équivalence, j’en ai parlé.
3ème slide : « Travail – Monnaie »
Du coup quand on représente de l’énergie, on n’a pas le choix.
Soit c’est une énergie du passé, soit c’est une énergie du futur.
L’énergie en elle-même est un flux insaisissable.
Quand vous avez une représentation d’énergie, vous pouvez vous demander si c’est une énergie future ou une énergie du passé.
Dans le cas de bitcoin, ça va être une preuve de travail, une preuve d’énergie passée.
On est dans le passé puisque le mineur a extrait un bloc donc c’est bien une preuve d’énergie dans le passé puisque la transaction est acceptable dans le système bitcoin.
Si c’est un euro, c’est une promesse d’énergie future puisqu’il n’y a pas eu de minage.
Il y a juste la promesse de l’emprunteur de rembourser la dette, la fameuse dette dont on parlait en introduction, qui a permis de créer les euros en question.
Donc on est dans la promesse d’une énergie future qui va être fournie par l’emprunteur.
4ème slide : « L’énergie existe sous forme de flux ou de stock »
Et puis la dernière chose des rappels rapides sur l’énergie.
L’énergie, vous l’avez compris, ça existe sous forme de flux ou de stock.
C’est juste la chose qu’il faut retenir.
Par exemple une batterie peut être un stock d’énergie chimique si c’est un courant électrique évidemment c’est un flux et pareil pour l’hydraulique on peut l’avoir sous forme de flux ou on peut aussi la stocker à ce moment-là, ça va être l’énergie potentielle du barrage…
on a l’énergie potentielle gravitationnelle de l’eau qui est stockée derrière le barrage et on peut la récupérer quand on laisse couler l’eau donc il y a une notion de flux et de stock qu’il faut avoir bien à l’esprit.
Le travail c’est donc un flux, typiquement un flux d’énergie.
Donc ça c’est le principe de conservation dont j’ai déjà parlé.
5ème slide : « L’énergie n’est pas consommée mais transformée et dissipée »
Donc les transformations d’énergie, s’il n’y a pas de destruction, la seule chose qui peut arriver à l’énergie, c’est de se retrouver sous forme de chaleur.
La chaleur est juste l’énergie sous forme diffuse, quasiment inutilisable.
On ne peut pas l’utiliser directement, comme pour déplacer des objets.
La transformer est compliqué.
Il faut avoir à ce moment-là un système de…
Par exemple la machine à vapeur, on rapproche une source froide et une source chaude.
Mais la source chaude toute seule ne permet pas de produire du travail mécanique.
Le deuxième principe est beaucoup plus abstrait.
Le premier principe de conservation est facile à comprendre.
Le deuxième principe par d’entropie.
L’entropie est une autre notion que l’énergie.
Ce n’est pas de l’énergie, l’entropie.
C’est un concept que les gens ont parfois du mal à appréhender mais il faut le connaître.
Donc c’est une mesure de l’incertitude sur l’évolution de votre environnement.
Si on vous donne une information sur ce qui va se passer…
Par exemple si vous devez traverser une forêt ou un territoire inconnu et qu’on vous donne la carte, c’est de l’information et cette information va diminuer votre entropie.
Elle va diminuer votre incertitude sur ce qui va se passer dans votre traversée de ce territoire parce que maintenant vous avez une carte.
Vous avez reçu de l’information.
On parle parfois de « néguentropie », c’est l’information qui permet de diminuer l’entropie.
C’est super important à garder à l’esprit pour comprendre les mécaniques des forces de la nature.
Tout ça est lié.
Donc le deuxième principe qui parle de l’entropie dit juste : si j’ai un système isolé (qui n’existe qu’en laboratoire ; il n’y en a pas dans la vraie vie), l’entropie va avoir tendance à augmenter.
Ce n’est pas très surprenant.
Par exemple, un récipient fermé avec un compartiment où on a mis du gaz froid, et un compartiment où un a mis du gaz chaud.
Le chaud va aller vers le froid.
Les molécules vont avoir tendance à se mélanger aux molécules froides.
On va voir plus de désordre donc on aura une plus grande incertitude sur ce que va faire une molécule.
L’entropie augmente puisqu’on a une incertitude de l’observateur qui observe le système, une incertitude sur le comportement de la molécule.
Quand le gaz est tiède, on ne sait pas très bien dans quel sens la molécule va traverser l’orifice entre les deux compartiments, parce qu’elles sont toutes mélangées.
Alors que si on regarde l’autre partie (du schéma), on peut prédire assez facilement qu’une molécule chaude va traverser dans ce sens-là l’orifice entre les deux compartiments.
Donc augmentation de l’entropie puisque augmentation de l’incertitude par rapport au système observé (dans le 1er cas).
6ème slide : « Systèmes ouverts & troisième principe »
Le troisième principe c’est plus intéressant, de loin, parce que vous pouvez en voir les effets dans plein de domaines de la science et de la nature.
Il dit en gros qu’un système ouvert, c’est-à-dire à peu près n’importe quel système.
Nous sommes des systèmes ouverts, les êtres humains, cette bouteille d’eau, l’univers observable…
est un système ouvert.
Ces systèmes ouverts s’autoorganisent pour maximiser le flux d’énergie qui les traverse.
Ça veut dire qu’on a une énergie incident qui arrive sous forme de chaleur, d’énergie cinétique, solaire…
il y’a plein de flux d’énergie qu’ils peuvent parvenir un système ouvert.
Il va s’autoorganiser pour maximiser ce flux, pour ne pas s’opposer à ce flux qui veut le traverser.
Je prends l’exemple parfois de la source qui coule du haut de la montagne : vous savez qu’elle va suivre le ligne de plus grande pente.
Ça veut dire qu’elle va dissiper son énergie potentielle gravitationnelle le plus vite possible, donc maximiser le flux pour restituer son énergie potentielle gravitationnelle.
Elle va le faire toute seule.
Elle va maximiser ce flux, elle va s’autoorganiser.
L’eau va s’autoorganiser sous forme de cours d’eau qui suivent la ligne de plus grande pente.
Je prends cet exemple parce qu’il est assez simple à visualiser.
Après, on est sur des exemples éventuellement abstraits.
Évidemment, le plus évident, ce sont les molécules qui s’autoorganisent en…
par exemple jusqu’au vivant, puisque les molécules s’autoorganisent en êtres vivants, qui eux ont un système qui va dissiper beaucoup plus d’énergie qu’une molécule prise toute seule ou prise dans un solide quelconque.
Donc ce principe-là explique aussi l’émergence de formes organiques : les plantes et les êtres vivants résultent de ce troisième principe de la thermodynamique.
Je ne reste pas plus longtemps là-dessus mais c’est important d’avoir à l’esprit quand on parle d’énergie puisque c’est la discussion qui a lieu en ce moment sur la politique énergétique, tout ça, ça tourne autour de ces concepts.
7ème slide : « Energie potentielle & Energie interne »
Donc on a parlé d’énergie potentielle.
8ème slide : « Production d’électricité globale
Et on arrive à bitcoin, qui effectivement est une représentation de l’énergie passée.
L’énergie passée utilisée par les mineurs pour extraire les blocs.
Donc dans chaque bitcoin, j’ai une preuve de cette énergie, ce que j’appelle, moi, une monnaie preuve, par rapport à une monnaie promesse comme l’euro.
Là, on a une monnaie preuve parce qu’on peut mathématiquement vérifier cette preuve.
C’était un peu le modèle de l’or puisque lorsque vous recevez une pièce d’or, plus généralement une matière première, c’est une preuve d’énergie aussi puisqu’elle est elle-même un stock d’énergie, un stock d’atomes.
Il y a une équivalence entre masse et énergie.
Depuis Einstein, on sait ça : E=MC².
Donc vous avez une masse d’or, c’est-à-dire une masse d’énergie.
Cette énergie atomique, nucléaire, n’est pas facile à libérer, soyons clair.
Vous savez qu’il y a des gens qui essayent de faire de la fusion nucléaire.
Ça consiste justement à libérer l’énergie d’isotopes d’hydrogène.
C’est une énergie propre à ce moment-là et ça tire avantage de cette énergie nucléaire qui est stockée dans les corps chimiques.
Donc la pièce d’or a cette énergie mais surtout, elle est la preuve d’énergie du mineur qui a extrait de ce minerai une mine d’or.
Vous avez une preuve d’énergie avec la pièce d’or.
Bitcoin est une preuve d’énergie mathématique.
Avec une pièce d’or, vous avez une preuve d’énergie physique.
Fondamentalement c’est assez proche.
La grande différence est celle que je vous ai soulignée en introduction : la pièce d’or, je ne peux pas la dupliquer alors qu’un bitcoin je peux tenter de faire une double dépense, parce que c’est de l’information.
Et le génie de bitcoin, c’est justement d’empêcher la double dépense.
Donc on a une information, un comportement très proche de celui d’une forme d’énergie.
Bitcoin, je dirais, fait le lien entre l’information et l’énergie, de manière presque asymptotique.
On n’est pas sur de l’énergie, c’est-à-dire qu’on ne peut pas se chauffer avec un bitcoin.
Mais on est très proche de l’or puisqu’on ne peut pas dupliquer, on ne peut pas faire une double dépense.
La production d’énergie mondiale (c’est un chiffre que vous pouvez garder à l’esprit dans les débats sur le choix entre le nucléaire, l’éolien…) :
160 000 TWh (TéraWattHeures) est la production globale d’énergie, toutes énergies confondues y compris fossiles.
Dans ces 160 000 TWh, il y en a 50 000 qui sont perdus dans des « inefficacités de production et de distribution ».
Donc l’électricité typiquement, vous allez perdre entre 5 et 10% dès que vous faites quelques centaines de kilomètres, avec les lignes à haute tension.
C’est comme ça qu’on arrive aux 50 000 TWh.
Si vous extrayez du pétrole, il y a plein de méthane qui est libéré…
ce sont les torchères qu’on voit sur les usines de production pétrolière.
Donc là, il y a plein d’énergie à récupérer, dans le processus de production d’énergie lui-même.
Il y en a un tiers.
C’est énorme !
Bitcoin là-dedans représente aujourd’hui à peu près 114 TWh.
C’est un ordre de grandeur, on peut discuter si c’est 110 ou 120, peu importe, vous avez un ordre de grandeur.
C’est une poussière par rapport à ces 50 000.
Le protocole bitcoin est fait pour aller chercher ces 50 000, parce que le mineur, pour être rentable, il doit aller chercher l’énergie la moins chère, sinon ses concurrents vont être plus rentables que lui et il ne va pas être compétitif.
Donc s’il veut trouver des investisseurs, s’il veut acheter du matériel pour rester compétitif, il doit aller chercher l’énergie la moins chère.
Et cette énergie-là moins chère par définition est dans ces 50 000 TWh et non dans les 100 000 TWh qui restent, qui eux, sont fournis ici par exemple (lumière de la pièce) vendus au prix fort.
Ça ne peut pas intéresser un mineur.
Donc ça c’est très important.
C’est la réponse à l’objection « oui mais Bitcoin utilise autant que la Suisse ou la Hongrie ».
C’est comme si on regardait l’offre sans regarder la demande.
Ça veut dire juste que la demande des mineurs bitcoin est peut-être égale à la demande des Suisses en énergie.
Par contre l’offre en face de cette demande n’est pas du tout la même.
Pour les Suisses ce sera l’énergie produite en Suisse.
Pour les mineurs, ce sera celle produite je ne sais pas où, au Kazakhstan ou en Chine ou aux Etats-Unis ou ailleurs.
Donc offre et demande, si on ne parle que d’une partie de l’équation, évidemment on peut arriver à dire des âneries.
Donc ceux qui disent…
Digiconomist pour pas le citer…
qui dit « bitcoin consomme autant que les Suisses », on peut lui rétorquer ça déjà.
Si la demande est la même, est-ce que l’offre est la même ? Et évidemment ce n’est pas le cas.
L’autre chiffre que vous pourrez garder à l’esprit, c’est les 25 000 TWh, pour l’énergie électrique.
Effectivement bitcoin est majoritairement normalement de l’énergie électrique.
Il y a quelques mineurs qui se sont placés sur des champs de pétrole pour aller chercher ce qu’on appelle en anglais le « flare methane » donc ce qui sort des torchères.
Mais ça reste assez anecdotique.
On est plutôt sur les surplus d’énergie électrique.
Et les surplus d’énergie électrique, on les trouve dès qu’il y a un flux.
Les énergies renouvelables sont des flux d’énergie.
Le solaire est un flux.
L’éolien est un flux.
L’hydraulique est un flux.
Le fossile est un stock de pétrole.
Le nucléaire est aussi un stock d’énergies fossiles, en fait, puisque l’uranium est un minerai en quantité limitée aussi donc on peut considérer que le nucléaire est aussi fossile.
Donc pourquoi le renouvelable génère des surplus ? Tout simplement parce qu’en face d’un flux, il n’y a pas toujours une demande exactement égale aux flux.
C’est impossible que la demande soit toujours égale au flux.
Donc quand la demande passe en-dessous, vous avez un surplus.
Aujourd’hui, sans minage bitcoin, ce surplus est perdu.
Ce que permet le minage bitcoin, celui qui a construit cette infrastructure de production d’énergie renouvelable, que ce soit un barrage ou une éolienne ou des panneaux solaires, il peut rentabiliser les périodes où la demande n’est pas égale aux flux.
Juste ça, c’est plutôt favorable aux énergies renouvelables.
Pourquoi ? Parce que ce raisonnement ne s’applique pas si c’est de l’énergie fossile.
Dans le cas des énergies fossiles, on stocke et on peut différer la vente du stock, donc on va juste attendre qu’un acheteur se manifeste et il n’y a pas de surplus de pétrole, ça n’existe pas.
Donc la différence entre les deux explique pourquoi bitcoin est bénéfique aux énergies renouvelables.
Donc ça casse un petit peu le discours catastrophe écologique qu’on entend régulièrement.
9ème slide : « Energie, monnaie fiat et étalons monétaires
L’utilisation de l’énergie produite par l’or est largement supérieure (à peu près plus deux fois supérieure), parce que le minage de l’or consomme beaucoup d’énergie et en plus, ça détruit l’environnement (raser des forêts et polluer les sols avec des produits chimiques), ce qui évidemment n’est pas le cas de bitcoin.
Donc ne serait-ce encore une fois sur l’aspect écologique, bitcoin est préférable à l’or.
Encore une fois ceux qui s’interrogent sur l’impact environnemental de bitcoin, la question qu’il faut leur retourner, c’est « Pourquoi vous ne vous intéressez pas au minage de l’or qui est bien pire ? ».
C’est bizarre, ils se focalisent sur bitcoin et ils ne parlent pas de l’or.
C’est très suspect.
S’ils sont tellement motivés par l’écologie, ils devraient s’intéresser davantage à l’or.
En fait, ils ne sont pas tellement intéressés par l’écologie puisqu’ils n’ont pas ces chiffres.
Ils sont juste dans le dénigrement parce qu’ils ont en général des lobbyistes.
Et je ne parle même pas du système bancaire lui-même qui consomme à peu près comme les autres grands systèmes numériques, comme les fameux GAFAM (Google…), qui est à peu près dans ces 250 000 TWh par an.
C’est l’ordre de grandeur pour les grands systèmes numériques comme YouTube, Google ou Facebook.
Donc on est encore une fois supérieur à celui de l’utilisation de bitcoin.
Après, on est ramené à la notion d’utilité, parce que les gens qui critiquent l’utilisation d’énergie par bitcoin, ce sont en fait des gens qui n’utilisent pas bitcoin.
Donc si vous n’utilisez pas un truc, vous avez toujours trouver qu’il consomme trop, évidemment.
La discussion sur l’utilisation de l’énergie, c’est la discussion sur l’utilité, en fait.
Et donc il ne s’agit pas de laisser à certaines personnes le droit de décider ce qui est utile et ce qui ne l’est pas.
Bitcoin favorise l’inclusion financière, par exemple.
Il y a à peu près deux milliards de personnes sur Terre qui n’ont pas de compte bancaire ni de service financier vraiment adapté.
Si bitcoin leur permet l’inclusion et leur donne un compte bancaire, je pense que c’est utile pour eux et ce n’est pas utile pour ceux qui vont sur les plateaux de télévision et qui écrivent dans les journaux que bitcoin, c’est mauvais pour l’environnement, évidemment, parce que ça consomme de l’électricité.
10ème : « Prix plancher de l’énergie »
Je vous ai parlé de la notion de prix plancher pour l’énergie pour les énergies renouvelables.
11ème slide : « Bitcoin, prix plancher t surplus d’énergie »
J’ai parlé des surplus.
12ème slide : « Thermodynamique et science économique »
On a parlé de l’énergie comme valeur universelle.
Dans le cas de bitcoin, on en fait une sorte d’étalon de valeur.
On dit qu’avec bitcoin, on a un système monétaire qui peut servir d’étalon, fondé sur l’énergie.
C’était un peu ce que faisait l’or mais bitcoin résout pas mal de problèmes qui existaient avec l’or, notamment la logistique, surtout la logistique de l’or.
L’or et confiscable, c’est-à-dire qu’on peut déclencher une guerre pour aller confisquer l’or dans un autre pays qui en stocke.
L’or est générateur de conflits, historiquement.
Bitcoin n’étant pas confiscable, on ne peut pas envoyer des chars pour aller chercher les bitcoins qui sont achetés par un autre pays ou dans un autre pays.
Donc c’est un facteur de paix aussi.
La guerre est, d’un point de vue thermodynamique, une grande source de déséquilibre environnemental.
L’entropie, j’en ai parlé, on peut la voir comme une mesure du bien-être dans le sens que si on réduit l’incertitude sur l’environnement, on admet moins de stress, donc on peut considérer qu’une réduction d’entropie correspond à une amélioration du bien-être.
Donc on a en économie 2 mesures : l’énergie pour la valeur et l’entropie pour le bien-être.
Et on a une définition simple de la création de richesses puisque la création de richesses, dans cette grille d’analyse, c’est la science de l’énergie, c’est-à-dire rendre une énergie utilisable.
Dès qu’on rend une énergie utilisable, on crée de la richesse, puisque la valeur, c’est l’énergie.
Vous avez une grille de lecture de l’économie beaucoup plus simple que les théories parfois un peu fumeuses sur la valeur où la création de richesses est souvent des coups de considérations politiques.
Là, on a une approche beaucoup plus rigoureuse à mon avis, beaucoup plus scientifique de l’économie.
Et c’est celle que je défends et c’est celle qui en fait mise en œuvre par le système monétaire bitcoin.
13ème slide : « Monnaie-promesse et monopole »
Vous avez des arguments sur lesquels vous pouvez réfléchir et décider de les utiliser ou pas vis-à-vis des objections qui sont faites au système bitcoin.
Comme je l’ai dit en introduction, l’éléphant dans la pièce, aussi bien dans les débats politiques que dans les émissions d’éco, c’est le monopole de la monnaie.
Combien coûte le monopole de la monnaie ? Je rappelle souvent que le produit net bancaire des banques en France, c’est 140 milliards d’euros par an, ce qui est de l’ordre de grandeur à peu près de ce que recouvre l’État avec la TVA.
Donc on peut considérer qu’une fois qu’elles ont payé les gros salaires, les beaux sièges sociaux etc., il reste des profits, qui représentent l’équivalent de ce que l’Etat prélève sous forme de TVA.
Là, il y a clairement un problème de coût du système, qui, vous l’observerez, est tout à fait sorti du débat.
On va vous parler de toutes sortes de coûts, notamment le coût d’un lit d’hôpital.
Mais on ne va pas vous parler du coût du système bancaire.
Ça, c’est aussi quelque chose que je livre à votre réflexion.
Vous en tirerez les conclusions vous voulez.
Moi j’ai la mienne.
De toute façon, les médias étant possédés majoritairement par les banques, ils sont totalement dans l’impossibilité de d’amener un discours critique.
Ils sont prisonniers.
C’est un des principes de l’obligé.
C’est une conséquence du monopole.
Quand vous avez un monopole, vous avez une emprise sur l’ensemble de la société, y compris les médias, y compris les partis politiques, qui doivent, eux aussi, financer leurs campagnes et la réalisation de leurs programmes auprès des banquiers.
Donc on a un filtrage et ce sujet.
Si je n’en parle pas ce soir, vous n’en avez pas entendu parler, je pense, dans les médias depuis très très longtemps !…
La question du monopole et de la rente du monopole monétaire.
14ème slide : « PoW : un réseau & une base de données sans administrateur central »
Je passe rapidement là-dessus parce que j’en ai déjà parlé.
15ème slide : « PoS : Nothing at stake »
La proof of state.
Vous avez beaucoup de monnaies qui se présentent maintenant en disant « nous, on a une green tech parce qu’on fait de la preuve d’enjeu donc on n’utilise pas d’énergie, il n’y a pas de preuve d’énergie donc on a une green tech ».
Alors je dis « Attention là, on va un peu vite ».
Pourquoi ça va trop vite pour moi ?
J’entends que la preuve d’enjeu est une green tech.
D’abord est-ce qu’il y en a dans cette salle qui pensent que preuve d’enjeu c’est plus écologique que preuve de travail ?
Oui, 3 personnes.
Est-ce que c’est quelque chose qui a priori vous a convaincus ? Je pensais qu’il y en aurait eu plus.
Donc si vous ne l’êtes pas, ça veut dire que vous êtes comme moi, un peu sceptique.
Le principe de la preuve, c’est qu’on va se passer de la preuve de travail.
On va garder juste les signatures.
C’est en gros bitcoin avec une preuve de travail mise à zéro.
Donc la gouvernance, ce n’est plus la puissance de hachage mais ça va être la quantité de coins qu’on a, par exemple.
Après, il y a toutes sortes de variantes puisqu’ils veulent tous montrer que le système d’avant est cassé et que le leur est meilleur, donc ils vont ramener des améliorations.
Je pense que le principal problème de la preuve d’enjeu est qu’on a une monnaie en quantité illimitée.
C’est ça « l’éléphant dans la pièce », quand on parle des protocoles de cryptomonnaie.
Parce que s’il n’y a pas de preuve d’enjeu, il n’y a pas d’énergie donc il n’il y a pas de coûts à créer un nouveau réseau, pas de coût réel à « stake » (à faire du staking) quand un nouveau réseau arrive.
Donc j’ai une offre de monnaie à preuve d’enjeu qui est en réalité illimitée.
On ne peut pas dire qu’il y a une « cap » à 21 millions comme dans le cas de bitcoin.
Vous allez me dire, dans le cas de bitcoin, on peut faire bitcoin cash, on va créer plus de coins, finalement.
Oui sauf que quand on fait vite bitcoin cash, qu’est-ce qu’on fait ? L’énergie, on ne la sort pas d’un chapeau, elle est dépensée par les mineurs.
Ça veut dire que…
aujourd’hui vous avez 80% ou 99% des mineurs qui minent bitcoin et 1% qui mine cash.
C’est à peu près ça le ratio.
Et ça se voit donc dans le cours du prix du bitcoin cash qui est de 400 euros, quand celui de de bitcoin est 40 000 euros.
Donc ça, c’est assez simple.
On peut effectivement créer davantage de coins mais on fait juste une dilution.
C’est mesurable.
Je peux le suivre.
Je peux juste additionner bitcoin cash, les différents forks, le taux de hash.
Avec une règle de trois, j’ai à peu près les valeurs qui sont emmagasinés dans ses réseaux.
Dans le cas de preuve d’enjeu, je ne peux.
Si quelqu’un vient et crée un nouveau coin à preuve d’enjeu, c’est open bar, il n’y a aucune limite ! Il n’y a pas cette limite énergétique où quelqu’un va dépenser de l’argent, à la fois pour s’équiper de l’équipement de minage ou des factures d’électricité.
C’est ça la grande différence.
Et c’est pour ça qu’on est sur une quantité illimitée.
Donc le problème de la monnaie est illimitée, on le connaît déjà parce que c’est le cas déjà de la monnaie fiat.
C’est l’argent magique.
C’est les premières slides que je vous ai montrées.
La différence majeure, c’est que ce ne sont pas les mêmes personnes qui émettent la monnaie.
Donc on n’a pas changé le paradigme de la monnaie illimitée avec la preuve d’enjeu.
Par contre on a changé effectivement les « issuers » (les émetteurs).
Ce n’est plus un banquier central, c’est une communauté qui lance un truc.
Donc il y a quand même une avancée.
Je ne vais pas dire que c’était mieux avant.
Je ne veux juste pas qu’on puisse dire que c’est plus écologique, parce que ça, ce n’est pas vrai.
S’il n’y a pas d’énergie, ça veut dire qu’on peut financer un nombre illimité de projets.
La nature humaine étant ce qu’elle est, on va financer des projets qui sont néfastes pour l’environnement et on va épuiser les ressources naturelles parce que ça va être impossible en réalité d’empêcher les gens d’épuiser les ressources naturelles s’ils peuvent financer tous leurs projets.
C’est juste ça que je voulais dire.
Ce n’est pas parce qu’on met moins d’énergie dans une monnaie qu’on a automatiquement une monnaie écologique.
C’est juste que c’est un modèle différent et que ça correspond à des objectifs différents.
La preuve de travail, c’est vraiment la notion d’étalon monétaire, une économique où les flux sont mesurables, où il est beaucoup plus difficile de « gamer » le système et où la preuve d’enjeu se rapproche des monnaies fiat.
On est sur le même modèle que la monnaie d’avant sauf qu’on a diversifié les émetteurs.
Et ça, en soit, c’est plutôt pas mal.
Mais attention, ça reste le modèle de la monnaie d’avant.
16ème slide : « Preuve d’enjeu vous.
Preuve de travail »
Je peux, pour illustrer, montrer deux peintures qui valent à peu près la même chose.
C’est ça qui est intéressant.
Sur le marché de l’art, on va payer des millions d’euros, aussi bien pour celle-ci que pour celle-là.
Donc la monnaie à preuve d’enjeu est une valeur à marketcap, comme on dit, considérable aujourd’hui.
En gros c’est la même chose que bitcoin.
Si on regarde aujourd’hui, il y a 1 000 milliards sur bitcoin et à peu près 1000 milliards sur toutes les autres (si j’enlève Ethereum), enfin bon, il y a non une quantité considérable d’argent qui est sur le marché de l’art.
J’ai rapproché ça du marché de l’art.
La preuve d’enjeu, c’est la signature de l’artiste (à gauche), II a 2 heures pour faire le truc et (à droite), il y a évidemment des décennies d’apprentissage.
Évidemment ce n’est pas du tout la même chose.
Il n’y a plus de preuves de travail.
Juste la preuve d’enjeu.
« Je suis Jackson Pollock » (très connu dans l’art contemporain, qui a fait ses premiers tableaux de cette sorte-là) et donc ils se vendent des millions de dollars parce qu’il s’appelle Jackson Pollock.
On a fait monter la signature.
Il est devenu un « stakeholder » du marché d’art contemporain.
Il y a les galeries qui ont fait monter la sauce.
Il y a toute une communication autour.
C’est packagé, du marketing et on arrive à vous vendre ça à plusieurs millions de dollars.
Là (à droite), c’est la preuve de travail.
Vous ne pouvez pas faire un fake.
Il faut passer les dizaines d’années pour l’apprentissage, pour arriver à maîtriser la peinture à ce niveau-là.
C’est la preuve de travail.
Donc je pense que c’est important de l’avoir à l’esprit quand on parle de preuve de travail et de preuve d’enjeu.
Ça ne veut pas dire que ça ne marche pas.
Il y a des gens qui gagnent beaucoup d’argent avec ça.
Je ne suis pas en train de dire que ça ne marche pas.
Je veux juste dire que ce n’est pas la même chose.
Voilà maintenant je vous laisse peut-être poser des questions.
J’en ai fini en tout cas avec la présentation.
[Applaudissements]
Questions / Réponses
Le Public : Est-ce que les intérêts du crédit ne servent pas à limiter l’inflation, en incitant, en dissuadant d’en faire ?
Pierre : C’est une vision.
Je sais qu’il y a un tel formatage des esprits autour des taux d’intérêt, pour faire croire aux gens qu’effectivement la politique monétaire est pilotée.
En fait, la crise du Covid a juste montré ce qui se passe toujours : quand il y a une crise qui arrive, on fait tourner ce qu’on appelle la planche à billets, la création monétaire no limit, les taux d’intérêt deviennent négatifs ou quasiment.
Donc c’est no limit, au contraire.
C’est le principal intérêt de ce qu’on appelle la monnaie élastique, la monnaie en quantité illimitée, c’est de faire face aux crises et de lancer des guerres.
Quand c’est pour lancer une guerre, c’est très embêtant, les gens le regrettent en général.
Quand c’est un virus, ont fait la guerre à un virus, c’est le même principe mais c’est plus consensuel.
Non, les taux d’intérêt, c’est juste, à mon sens, une forme de fraude, parce qu’ils ne sont pas justifiés.
Mais ils sont socialement acceptés parce qu’il y a une confusion entre les prêts entre particuliers et les prêts bancaires.
Donc les gens, dans leur esprit, quand ils font un prêt entre particuliers, ils ont intégré le fait qu’il y a les intérêts (c’est le loyer de l’argent).
Et quand c’est un prêt bancaire, le banquier dit qu’il y a des intérêts et ils l’acceptent tout d’un coup, parce qu’ils n’ont pas en tête ce que je vous ai expliqué au début.
La plupart des gens ne l’ont pas en tête, ça, évidemment puisqu’on ne le leur explique ni à l’école ni même souvent à l’université.
Mais c’est une fraude.
D’ailleurs la finance islamique (que certains connaissent) interdit les intérêts sur les prêts bancaires, à ma connaissance…
sur tous les prêts ! (Bon ça c’est encore plus radical).
Mais c’est juste pour dire que cette fraude-là a du mal à être détectée.
Mais je ne pense pas qu’on pilote l’économie avec le monopole monétaire.
Je pense qu’on peut plumer une économie avec le monopole monétaire mais en aucune manière on peut le piloter ou quoi que ce soit.
L’économie est beaucoup trop complexe pour que ce soit pilotable, surtout avec un seul système monétaire.
Le Public : Pourquoi la proof of stake est moins verte ?… Surtout que vous avez dit qu’il y avait un nombre de coins illimité alors qu’au final, il y a plusieurs exemples de blockchain où ce n’est pas le cas.
Pierre : D’accord donc je n’ai pas été compris.
Merci pour la question.
Quand je dis que c’est illimité, ce sont les coins à preuve d’enjeu dans leur globalité qui sont en quantité illimitée.
Ce n’est pas une monnaie en particulier.
On peut avoir une monnaie PoS en quantité limitée, ce que je disais tout à l’heure, c’est qu’on peut en créer autant qu’on veut.
Ce n’est pas comme le minage où pour créer une monnaie preuve de travail, il faut acheter du matériel et il faut payer les factures d’électricité.
Si c’est une monnaie à preuve d’enjeu, il n’y a rien à faire, il suffit de la créer et d’avoir des signataires, mais il n’y a aucun investissement, ni de facture d’électricité à payer.
Donc on a une quantité illimitée puisque la création de ces systèmes est sans limite.
Alors que si vous me dîtes « je vais créer une monnaie à preuve de travail », il va falloir acheter du matériel du minage, il va falloir dépenser de l’électricité parce que si vous ne le faîte pas, vous avez une preuve de travail à zéro et votre chaîne a va être réorganisée.
On l’a vu avec le BSV (Bitcoin Satoshi Vision) notamment, qui n’a pas beaucoup de puissance de travail, juste une puissance de hashage.
Vous savez le truc de Craig Wright, Satoshi…
ils ont été organisés, enfin il y a plein de d’attaques, donc ce n’est pas assez sécurisé, on ne peut pas mettre son argent là-dessus.
Donc ce n’est pas la même chose.
Le problème d’une preuve d’enjeu n’est pas qu’une chaîne soit en continuité ou pas.
C’est que collectivement, les coins à preuve d’enjeu soient en quantité illimitée, contrairement aux coins à preuve de travail.
Le Public : Pour continuer là-dessus, est-ce que les monnaies à preuve de travail sont vouées à disparaître ? Ou c’est juste que les preuves d’enjeu sont nouvelles, émergent et elles viennent faire concurrence ? Ou elles vont vraiment prendre la place et faire disparaître les monnaies à preuve de travail ?
Pierre : Les monnaies à preuve de travail, comme je l’ai expliqué, n’ont pas d’intérêt à être multiples.
Il n’y a pas d’intérêt à multiplier les monnaies à preuve de travail parce qu’on a une certaine quantité d’énergie globalement qui est utile mais on la répartit sur plusieurs blockchains donc chaque blockchain est moins secure que si je mets toute cette énergie sur une seule blockchain.
Ça serait moins efficace.
Il y aurait une perte d’efficacité.
Donc les monnaies à preuve de travail ont tendance à se consolider sur une seule, en l’occurrence bitcoin.
Je ne vois pas d’autres monnaies à preuve de travail qui prendrait la place de bitcoin.
Par contre les monnaies à preuve d’enjeu, il n’y a pas de mécanisme de consolidation donc elles vont continuer d’exister, à mon avis, comme l’euro.
L’euro ne va pas disparaître.
Les monnaies en preuve d’enjeu ne vont pas disparaître.
Par contre elles ne seront jamais la même chose que bitcoin.
Il n’y a pas d’énergie, donc c’est vraiment la monnaie fiat.
Il faut y croire.
Il faut croire aux signataires qu’ils sont sélectionnés, à la communauté.
Ethereum est très confiant en sa communauté et ils ont peut-être d’ailleurs raison parce qu’il y a beaucoup de gens qui s’intéressent à Ethereum, il y a de vraies applications.
Donc on peut être confiant dans la communauté Ethereum pour passer en preuve d’enjeu sur Ethereum.
Je ne dirais pas la même chose de tous les projets à preuve d’enjeu dans la durée.
Mais je ne crois pas contrairement à ce qu’on entend parfois, qu’il y aura une consolidation massive des cryptomonnaies.
Je pense qu’il y aura toujours un foisonnement.
Mais les gens vont rapidement faire la différence entre les monnaies or (Bitcoin) et les pièces en fer blanc qui ont une utilité économique puisqu’elles servent dans les échanges.
Les pièces en fer blanc, historiquement, quand on les laissait circuler, c’est parce que on avait besoin de transacter et que ces monnaies étaient disponibles, tout simplement.
Alors que les bitcoins sont plus voués à la thésaurisation et à servir de backbone peut-être pour certaines applications monétaires.
Donc je pense qu’il n’y aura pas de disparition, de consolidation sauf sur la preuve de travail pour Bitcoin, pour les raisons que j’ai indiquées.
Sur preuve d’enjeu, il n’y a pas cette mécanique de consolidation a priori.
Le Public : Beaucoup qui se demandent quel est votre avis sur hashgraph par rapport aux blockchains que l’on connaît.
Pierre : Il y a eu les NAG aussi, c’est-à-dire un IOTA, c’est ça ?
Du coup ce n’est plus une blockchain, techniquement.
Ce sont d’autres mécaniques de liens pour lier les transactions entre elles, pour arriver au même résultat, qui évite la dépense.
Simplement moi quand j’avais lu white paper d’IOTA, avec ses fameux Graph Acyclic, j’étais très très sceptique par rapport à la résistance, par rapport à des attaques.
Je comprends la résistance qu’on peut offrir à des attaques dans le cas de bitcoin.
Je n’ai pas compris ce qui faisait cette résistance à la fois aux censures et aux attaques.
Donc quand je n’ai pas compris, je ne vais pas beaucoup plus loin, en fait.
Mais encore une fois, je suis pour le pluralisme monétaire.
Mon discours n’est pas de dire que le bitcoin va remplacer l’euro, que la preuve de travail est mieux que la preuve d’enjeu.
Je veux juste que les gens décident en connaissance de cause pourquoi ils utilisent une monnaie plutôt qu’une autre.
C’est pour ça que je souligne des aspects de preuves d’enjeu qui sont tus ou mal expliqués.
Si vous achetez à une monnaie à preuve d’enjeu, sachez qu’elle est en quantité illimitée.
Par exemple les Ethers sont en quantité illimitée.
Je vous le rappelle aussi parce qu’en termes d’investissements et de réserve de valeur, ce n’est pas la même chose.
Mais sur les monnaies à graphe acyclique, si vous comprenez ce que vous achetez, pourquoi pas ! Je n’ai aucun a priori.
Le résultat de l’expérience d’IOTA n’est pas très favorable.
Je ne sais pas si c’est lié à la technologie où à l’équipe du projet.
C’est ça que je ne sais pas.
Comme il y a des centaines de monnaies, j’ai décidé de ne pas m’intéresser à celle-là parce que je la considère comme pas porteuse d’une innovation avec un effet « whaou ! ».
J’étais plutôt sceptique.
Mais c’est une analyse personnelle et je me garderai bien d’avoir un avis définitif sur la question.
Il faudrait y passer du temps et le temps n’est pas illimité, lui ! Donc on choisit nos sujets, nos combats.
Et moi déjà si je peux parler valablement et m’intéresser valablement à la preuve de travail et preuve d’enjeu, je peux m’occuper à temps plein.
Le Public : Est-ce que, comme certains, vous diriez que bitcoin repose sur l’énergie ?
Pierre : Complètement ! Il repose sur une bonne compréhension de la science de l’énergie.
Tout à fait.
Puisque c’est une représentation d’une énergie passée et c’est très complémentaire par rapport à des systèmes qui eux sont des promesses d’énergie, comme l’euro et le dollar.
Ce sont des promesses de l’énergie, celle de l’emprunteur qui rembourse le prête.
Donc de ce point de vue, effectivement, bitcoin est cette grande avancée qui permet de remplacer l’or, qui n’a pas vraiment une preuve d’énergie.
En fait, une pièce d’or, c’est un stock d’énergie.
C’est plus qu’une preuve, c’est un stock d’énergie ! Donc passer du stock à la preuve, donc la matière première à l’information avec bitcoin, ça, c’est une grande avancée, une grande prouesse.
Parce que c’est différent de la promesse d’énergie.
Alors il est vrai que la preuve d’enjeu dont j’ai parlé vient un peu brouiller les cartes parce que c’est une preuve d’énergie avec l’énergie à 0.
Conceptuellement, c’est vraiment difficile, du point de vue pédagogique, du point de vue du grand public, par exemple, qui déjà a du mal à comprendre comment fonctionne l’euro.
On ne lui explique pas donc il faut déjà commencer par ça.
Ensuite expliquer qu’il n’y a pas que des promesses d’énergie, on peut aussi travailler avec des preuves d’énergie.
Et dans les preuves d’énergie, on peut avoir des systèmes avec des preuves d’énergie à zéro ! …
et des preuves d’énergie assez faibles, comme dans le cas de bitcoin cash.
En fait, ce n’est pas un paysage…
c’est un spectre qui va d’une énergie passée à l’énergie future, en passant par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Et ça, c’est une avancée en soi, cette diversité !
Le Public : J’ai peut-être un peu mal compris la différence entre l’or et le bitcoin dans cette optique-là.
Est-ce que vous pourriez la réexpliquer ?
Pierre : Quand on a une pièce d’or, c’est un stock d’atomes.
C’est E=MC².
J’ai de l’énergie nucléaire.
J’ai l’énergie de l’extraction, qui est prouvée.
De ce point de vue, la pièce d’or a une preuve de cette énergie d’extraction aussi.
L’énergie de la logistique de l’or parce qu’il a fallu amener l’or au lieu de la transaction.
Et donc de ce point de vue, c’est différent de bitcoin, qui est une information que je peux donc copier sur plein de supports, si j’ai peur de les perdre, sachant qu’à la fin je ne pourrai en dépenser qu’un, évidemment.
Il n’y aura pas de double dépense.
Mais par contre c’est ça la différence entre l’information et l’énergie.
La conservation d’énergie, c’est que je ne peux pas copier une pièce d’or, je ne peux pas copier l’énergie.
Par contre si c’est un bitcoin, je peux le copier, sans toutefois pouvoir le dépenser deux fois.
Le Public : Au sujet de Paymium, l’entreprise existe depuis dix ans.
Pourquoi est-ce que vous ne proposez pas d’autres monnaies que le bitcoin ? C’est une conviction personnelle ?
Pierre : C’est une bonne question.
C’est une conviction, que pour les investisseurs qui viennent avec des euros, c’était effectivement pour m’assurer qu’ils n’allaient pas acheter ce qu’on appelle un « cheet coin » et se brûler les ailes et ne plus revenir, c’est-à-dire sortir de l’écosystème.
Donc effectivement le fait de proposer du bitcoin, on est sûr que les gens ne vont pas jouer avec des monnaies où ils risquent d’être « Rekt », comme on dit dans le jargon.
Donc c’est un choix personnel.
Après, en 2017 – 2018, on a bien vu qu’il y avait un vrai décollage de Ethereum, c’était évident avec les tokens donc de nouvelles applications.
Et là on a lancé une plate-forme qui s’appelle blockchain.eu : c’est une plateforme qui traite des tokens et des Ethers.
Mais on est en train de la migrer sur Paymium parce qu’on s’est aperçu que c’était compliqué de gérer deux plateformes.
C’est quelque chose qui va être déployé début 2022, donc on est en train de le faire.
Le Public : J’ai une petite question qui va faire appel à votre mémoire : Qu’est-ce qui a fait qu’en 2011, vous avez fait le pari sur bitcoin ? C’est un pari comme dans notre monde spéculatif…
on parie sur tout ! Qu’est-ce qui a fait, intellectuellement, pour vous, qu’en 2011…
vous êtes diplômé, vous vous dîtes “je vais là-dessus, je le sens, j’ai un truc !” ?
Pierre : C’est très simple.
Je suivais le projet depuis quasiment ses débuts…
Enfin, aux débuts, c’était le white paper, totalement génial, sur la liste de cryptographie, la mailing list donc, comme on voit passer beaucoup d’informations sauf que là, c’était un truc que les gens cherchaient depuis 20 ans, donc !!! Avoir la solution à un problème qui est posé depuis vingt ans, c’est comme le grand théorème de Fermat.
Le grand théorème de Fermat, la démonstration fait 2000 pages, alors que dans le cas de bitcoin, c’était 8 pages ! Donc tout le monde pouvait la lire.
C’est ça la différence entre les deux…
pour un scientifique comme moi en tout cas.
Donc j’ai pu lire les huit pages et être totalement convaincu par le papier.
Après le projet c’est autre chose.
Un papier c’est une chose et l’implémenter, le coder, c’était autre chose.
Et en 2011, de mon point de vue, on ne pouvait plus avoir de doute sur le fait que ça marchait.
Passer du white paper à quelque chose qui marchait.
Ce n’était pas très clair jusqu’en 2010.
Et en 2011, bitcoin est passé à 10 euros alors qu’il se traînait en dessous d'1 euro auparavant.
Parce qu’il y a eu un article dans un journal américain je ne sais plus lequel…
Ford je crois…
donc on a pour la première fois un article dans un grand média qui parlait de bitcoin et ça a fait monter le cours à 10 euros.
Et là, en regardant, on pouvait voir que le truc marchait ! Donc moi, je me suis dit, si c’est un truc qui passe de 0 à 10 euros en deux ans et que ça répond à un problème crucial de l’économie, c’est-à-dire la mainmise des banquiers centraux, le monopole monétaire qui vole en éclats, là, j’ai décidé de me consacrer à temps plein.
C’est totalement aligné avec ce que je croyais qu’il fallait faire pour libérer l’économie et redonner de la souveraineté aux gens.
Le Public : Merci les médias, du coup ?!
Pierre : Oui parce que c’est eux qui ont fait monter le cours, même s’ils en ont mal parlé.
Mais le simple fait d’en parler a fait passer le cours de 0,1 à 10 euros !
Le Public : Toujours sur ses débuts : Vous étiez sur la cryptographie mailing list ? C’est comme ça que vous avez découvert le bitcoin ?
Pierre : Oui.
Je suivais l’actualité de la crypto depuis longtemps parce que j’ai eu la chance de rencontrer des cryptologues. Moi, je préfère parler de cryptographes mais il paraît qu’il faut dire cryptologue.
« …Jean-Jacques Quisquater… »
J’ai découvert ça aux Etats-Unis, en travaillant sur des projets qui faisaient appel à la cryptographie et j’ai trouvé que c’était passionnant.
Donc j’ai suivi ce truc-là.
Je me suis abonné à des mailing list parce qu’à l’époque, c’était comme ça, on parle des années 90 ! Ça a pris du temps et effectivement j’ai vu passer cette news parce que j’étais sur la mailing list et quand on s’intéresse à un secteur on regarde ce qui se passe.
En l’occurrence c’était quand même une grosse nouvelle de résoudre un problème jugé utile.
Le grand théorème de Fermat, c’est 350 ans pour le résoudre ! Là, c’était quelques décennies.
Mais ça restait un vrai problème à résoudre : le réseau sans administrateur.
Le Public : une question sur les débuts de Paymium : Paymium a été créé en 2011.
En 2013, il y a Mtgox qui s’effondre.
Il y a des histoires de Silk Road etc.
Vous avez dû avoir un peu chaud sur ces quelques premières années, non ?!
Pierre : En fait la chute de Mtgox était plutôt une bonne nouvelle parce que ça voulait dire qu’on allait récupérer des clients nouveaux !
Après sur le cours, à court terme, ça a eu un effet négatif sur le cours évidemment puisqu’il brassait je crois 600 000 bitcoins en « Custody » à l’époque.
C’était énorme mais c’était plutôt une bonne nouvelle pour nous.
Moi je considérais que c’était une plateforme avec un peu un one man show, avec quelqu’un d’un peu mégalo et pas très clair…pas du tout un génie informatique, contrairement à ce que j’ai lu ! C’était pas du tout un génie informatique.
Il avait récupéré une plateforme qui n’était pas très solide, technologiquement, c’est le moins qu’on puisse dire.
Donc je n’étais pas surpris de la chute de Mtgox.
Pour nous, c’était plutôt une bonne nouvelle.
Ça nettoyait, ça faisait passer le marché à quelque chose de plus pro, moins amateur.
Le Public : une question du coût : pour en revenir à la PoS et à la PoW, ça veut dire que bitcoin est condamné au final à rester une réserve de valeur et il ne pourrait pas y avoir de layer 2 ou layer 3 avec la DeFi, les Smart Contracts, comme sur Ethereum…
Pierre : Oui, il y a un layer pour le paiement avec Lightning.
Mais il n’y a pas de layer 2 avec Smart Contract aujourd’hui.
Aujourd’hui, il y a le projet RSK (RootStock) quand même.
A mon avis, il est assez proche de ce que fait d’autres projets de Smart Contract comme Ethereum.
Mais de toute façon le problème de ces plateformes, c’est le passage à l’échelle.
Donc je pense que sur les Smart Contracts, on ne va pas assister à une plateforme qui gère.
Ça ne me paraît pas technologiquement viable.
Mais plutôt une multiplicité de plateformes, ce qui fait un modèle assez différent.
Et dans ces plateformes, il y aura des Smart Contracts bitcoin avec RSK ou d’autres techniques.
Les Smart Contracts, pour plein de raisons, c’est différent de l’application monétaire qui reste, pour moi, la plus chargée d’impact sociétal.
Parce que les Smart Contracts, entre nous, c’est quand même une histoire de problèmes de riches !
Le Public : Oui mais il y eu les DAO aussi par exemple…
Pierre : Oui, les Dao.
Vous connaissez la définition des DAO ?
C’est un groupe d’investisseurs qui pensent pareil ! (Rires)
Ce n’est pas exactement la même chose qu’un système monétaire aussi décentralisé que bitcoin.
Le problème de tout ce qui est Smart Contract, de toute façon, c’est que ce n’est pas résistant à la censure…
pas vraiment… puisqu’il y a des enjeux, donc vous êtes régulés, on connaît les signataires, c’est difficile de rester sous les radars donc ce n’est pas résistant à la censure.
C’est vraiment différent de bitcoin.
Je ne pense pas qu’on oppose les deux.
Les deux ont des fonctions intéressantes.
Et bitcoin s’est plus positionné sur le monétaire.
C’est le réseau de paiement, déjà ça, c’est énorme ! Réserve de preuves pour tout ce qui est provenance, tout ce qui est tracking des documents etc.
aussi c’est beaucoup mieux que les chaînes à Smart Contract.
Mais les Smart Contracts, c’est une application bien particulière, qui pose des problèmes de scalabilité, que ce soit sur bitcoin ou sur des chaînes.
Le Public : A titre personnel, que pensez-vous des NFT ?
Pierre : C’est vrai que je n’en ai pas parlé et que c’est quelque chose qui intéresse beaucoup les gens.
Là, il y a un vrai sujet.
Les tokens, c’est vraiment la possibilité de financer des projets, lancer facilement une monnaie pour financer un projet.
Les NFT, c’est encore autre chose, c’est d’autres applications.
Mais on a du mal à cerner la gamme de toutes ces applications parce qu’on a beaucoup potentiellement, avec les NFT et c’est très intéressant.
Nous, chez Paymium, en tout cas, on va on a prévu d’intégrer les NFT.
C’est dans notre roadmap, notre feuille de route…
de proposer les NFT à nos clients parce qu’on considère que c’est vraiment intéressant…
sur des applications qui restent un peu à déterminer.
Je n’y crois pas trop par exemple pour l’art, si ce n’est pour le « Generative Art », donc l’art qui est fabriqué avec des scripts.
J’y crois peut-être aussi pour la musique, c’est quand on rejoint la DRM et la distribution des royalties.
Mais ce n’est pas très clair encore les cas d’usages.
Après, tout ce qui cartes de collections évidemment, mais là c’est plus une bataille d’ayants droit et de propriété intellectuelle qu’une bataille technologique.
Le Public : Comment Paymium se situe par rapport aux autres exchanges internationaux comme Binance ou Kraken, en France et à l’étranger ? En nombre de clients ? Est-ce qu’il y a des discussions prévues avec ces acteurs (des fusions, des collaborations) ?
Pierre : C’est une bonne question.
Nous on est on est régulé en France déjà, ce qui n’est pas le cas de Binance par exemple ou de Coinbase.
Nous, on est régulé en France, enregistré à l’AMF.
On a 250 000 clients.
Ces plateformes-là en ont plusieurs millions ! Ça veut dire qu’ils ont des pratiques « d’onboarding », comme on dit dans le jargon, des méthodes d’enrôlement des clients qui ne sont pas les mêmes peut-être que dans un marché régulé comme la France…
sous-entendu il y a peut-être eu à certains moments un peu de blanchiment d’argent, je ne sais pas mais c’est possible en tout cas.
Nous, on est resté à l’écart de ces pratiques.
On a 250 000 clients mais c’est largement suffisant pour nous faire vivre et continuer à progresser.
On fait un facteur 2 les volumes de dépôts enfin voilà on a des métriques qui sont vraiment en forte progression.
Donc moi, ça me va.
Je ne suis pas dans la course nécessairement avec Binance, puisqu’on ne joue pas avec les mêmes armes sur le même terrain.
C’est un autre jeu.
Le Public : Vous êtes en France depuis 2011, donc un échange depuis longtemps.
Comment avez-vous appris la nouvelle la collaboration de la France avec « CZ » de Binance ? …
alors que vous êtes Français…
Pierre : Le fait qu’il ait été reçu par le sénateur en France ?
Le Public : Oui, que ce soit eux qui financent l’avenir de la France, alors que vous êtes Français et en France depuis longtemps.
Pierre : Oui, j’ai trouvé ça assez bizarre.
Je pensais que les pouvoirs publics favorisaient les acteurs locaux et en fait, non.
Ça prouve qu’il y a un bug au secrétariat d’Etat du numérique, effectivement.
C’est à eux de s’expliquer.
Moi, je ne l’explique pas et je n’approuve pas.
Je considère que leur rôle, ce n’est certainement pas de dérouler le tapis rouge à des concurrents étrangers, qui en plus, ne sont pas régulés et surtout, qui vont s’incorporer en Irlande, c’est-à-dire qu’ils ne vont même pas payer leurs impôts en France.
Donc je n’ai pas compris la démarche du secrétaire d’Etat.
Peut-être que lui a une explication mais moi, je ne l’ai pas.
C’est une bonne question.
Le Public : Par rapport aux fiats, à Bitcoin ou autres monnaie…
par rapport à ce qui se passe en ce moment (augmentation du prix…) ….
Vous disiez qu’il y avait 2 milliards de gens qui n’avaient pas de compte sur la planère…
Comment ces gens-là peuvent-ils avoir accès à bitcoin qui coûte 40 000 euros ? Ou est-ce que c’est une autre monnaie qui coûte moins cher ? C’est ça qui est assez difficile à cerner.
Ok ça va peut-être remplacer les banques mais en même temps, est-ce que les banques, quand elles prennent un intérêt, est-ce que ce n’est pas pour assurer une stabilité de l’euro ou du dollar, et qu’on n’a pas sur toutes ces monnaies cryptos pour le moment ?
Pierre : Alors sur le prix à 40 000 € ou 50 000 € en ce moment, évidemment ce n’est pas nécessaire d’acheter un bitcoin.
Vous pouvez utiliser une fraction de bitcoin.
Je paie régulièrement les cours de musique de mon fils avec du bitcoin, donc je paie 80 € avec du bitcoin par exemple.
Dans ce cas-là, le wallet calcule la quantité de bitcoins à la personne qui reçoit.
Et si la personne elle veut les garder, elle les garde.
Sinon, elle récupère les euros.
C’est utiliser le bitcoin comme réseau de paiement.
L’avantage de cette technologie, c’est que pour les deux milliards de personnes…
Alors il y en a aux États-Unis, environ 5 % des adultes qui n’ont pas accès à des services bancaires développés, donc c’est énorme, ça fait 16 millions de personnes ! Donc ils installent un wallet sur leur Iphone et ça y est, ils ont de quoi transacter, envoyer de l’argent à quelqu’un à l’autre bout du monde ou du pays, ou recevoir un paiement s’ils sont professionnels, s’ils vendent des services ou des biens.
Donc ça c’est vraiment une avancée de bitcoin.
C’est quelque chose qui n’existait pas avant.
Donc de ce point de vue-là, il y a cette utilité sociale indéniable.
Et les 40 000 € ne sont pas liés à cet usage.
Le fait que ce soit utilisé comme un réseau de paiement, ça a assez peu d’une influence sur le prix.
Ce qui a une vraie influence sur le prix, c’est l’offre de bitcoins disponible.
C’est la réserve de valeur qui pousse le prix vers le haut.
Sur l’usage de réserve de valeur, bitcoin c’est à peu près 1000 milliards d’investissements.
Il y a 10 000 milliards pour l’or par exemple.
On peut penser que dans les années qui viennent, le ratio entre l’or et bitcoin s’équilibre un peu plus.
Si ça s’équilibre à 5000 milliards de chaque côté, déjà, ça veut dire que le prix du bitcoin sera multiplié par 5.
Donc ça, c’est un premier élément.
L’autre élément, c’est la dilution de l’euro.
Parce que souvent les gens me disent « ouais mais ça va s’arrêter parce que les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel etc. ».
Moi je dis « Les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel mais les monnaies fiat, elles, peuvent tomber à zéro ! ».
Il y a des monnaies qui peuvent tomber par terre.
Si l’euro tombe à zéro, le prix du bitcoin devient infini ! Vous êtes d’accord, puisque c’est une division par zéro.
Donc oui, on ne monte pas jusqu’au au ciel.
Mais il y a des monnaies qui tombent par terre.
Il faut bien avoir ces deux choses-là en tête.
On dit que depuis la crise du Covid, il y a 40% d’euros en plus en circulation.
Donc l’inflation, au sens inflation de la masse monétaire, c’est 40% sur les sur les deux ans de la crise du Covid !
Et peut-être plus en dollar ?!
Oui c’est à peu près du même ordre.
Mais c’est dire que l’inflation à 40 % sur 2 ans, ce n’est pas les 2% que mesure l’INSEE !!
Alors pourquoi l’INSEE ne mesure que 2% ? C’est parce qu’ils prennent un panier de consommation dont ils ont enlevé tout ce qui augmentait trop.
Ils enlèvent tout ce qui augmente ! Ils mettent la baguette de pain…
donc la baguette de pain, c’est le revenu du boulanger.
Le revenu du boulanger, lui, il n’augmente pas.
Par contre, l’immobilier…
parce que les banques en ont beaucoup, de l’immobilier ! Ils ont des actions…
Alors il y a des gens qui disent, notamment Saifedean Ammous qui a écrit un bouquin qui s’appelle « L’étalon bitcoin » …
Lui dit « la vraie mesure de l’inflation c’est le CAC 40.
C’est le S&P 500 aux États-Unis.
C’est ça la vraie mesure de l’inflation, parce qu’en fait, les entreprises, Elles ne valaient pas plus ou moins qu’aujourd’hui.
En tout cas, elles n’ont pas changé de valeur dans un ratio de 40%.
On est d’accord.
Donc ce qui a changé, c’est la mesure en euros de leurs valeurs, donc ce qu’on appelle l’inflation du prix des actions.
Et ça, c’est plutôt 40% effectivement, plutôt que 2%.
Donc il y a une première fraude : celle sur les intérêts.
La deuxième fraude : la désinformation sur l’inflation, par une présentation, à mon avis, malhonnête, par un organisme (l’INSEE), qui est censé faire ça avec nos impôts, dans l’intérêt général.
En réalité, ce que j’observe, c’est que l’INSEE est au service du gouvernement pour présenter un chiffre d’inflation qui lui va bien.
Parce que si on compose un panier de consommation, ça n’a plus rien de scientifique.
La discussion, c’est juste « qu’est-ce que je mets dans le panier ? ».
Et si vous enlevez effectivement tous les actifs que possèdent les banques, c’est-à-dire ce qui gagne de la valeur, il ne reste plus que des choses qui ne s’apprécient pas.
Le revenu du boulanger n’augmente pas alors que le loyer et tout ça augmente considérablement.
Donc ça, ce sont des fraudes qui sont subtiles.
Là, on en parle parce que vous êtes sur le sujet.
Mais la difficulté, c’est de l’expliquer à l’ensemble de la population.
C’est très compliqué puisque tous les rideaux sont tirés pour que ce message passe.
C’est impossible de faire passer ce message parce que vous n’avez pas accès aux médias pour dire.
C’est interdit de dire ça à l’antenne.
On est obligé d’en parler entre nous et d’espérer que, par le bouche-à-oreille, on commence à questionner le système, des taux d’intérêt, de monopole, de propagande…
il faut appeler les choses par leur nom…, de désinformation sur les questions monétaires, de délimitation du débat pour sortir du débat tout ce qui gêne (donc le monopole de la monnaie).
Voilà c’est ça le message que j’essaie de faire passer.
Le Public : Qui tu appellerais dans le milieu ? De qui a-t-on besoin dans l’écosystème, pour faire avancer les différentes causes ? la tienne d’abord si tu veux et les différentes causes qui concernent le reste de l’écosystème, autour des NFT et de plein d’autres choses.
Pierre : Je pense que c’est un effort collectif.
Tout le monde ici dans cette salle fait partie de cet effort, parce que le simple fait de s’intéresser au sujet, c’est énorme ! Il y a tellement de gens qui passent à côté.
Donc s’intéresser au sujet, le fait de se l’approprier, pour pouvoir en parler autour de soi.
Voilà c’est comme ça.
Comme les logiciels libres, ils marchent comme ça, en fait.
Par l’adhésion, par l’addition des communautés.
C’est là tout l’intérêt de ces nouvelles monnaies qui se créent aussi, c’est qu’elles ramènent des nouvelles communautés.
Les NFT, par exemple, sont très bon pour ramener des tas de gens sur ces usages de crypto, pour familiariser les gens avec les cryptos.
Il n’y a pas de solution miracle.
Je pense que c’est chaque patron d’entreprise qui est convaincu aussi : Michael Saylor, le patron d’Ubisoft.
Ce sont des gens comme ça qui font avancer.
Le patron de Tesla…ça dépend des jours ! Mais dans le cas d’Ubisoft, des micro-stratégies ont permis d’aligner leurs paroles avec leurs actes et donc là c’est intéressant.
Mais ça dépend des patrons aussi.
Des marchands qui acceptent les paiements en bitcoin.
Chaque jour, chaque semaine, il y en a davantage qui acceptent des paiements en crypto.
Tout ça participe au développement de l’écosystème.
Le Public : Beaucoup plus de personnes et une variété beaucoup plus grande de personnes !
Il faut des UX, il faut des femmes massivement.
On est extrêmement masculinisé et ça, c’est dramatique !
Pierre : Oui, c’est à ces dames qu’il faut poser la question.
Le Public : Non il y a beaucoup d’intérêt pour l’innovation mais il y a aussi beaucoup de « gang speech », dès qu’on 3 ou 4 à parler…entre nous, on set club etc.
Pierre : Je ne pense pas qu’il y ait de barrières…
Le Public : Et il y a des barrières pédagogiques
Pierre : Des barrières pédagogiques, je veux bien.
Le Public : Ce n’est pas seulement les femmes.
C’est le fait de parler entre nous, d’être très content.
Comme on est rare, on est encore une espèce rare, on a tendance à vraiment se reconnaître quand on maîtrise un certain nombre de concepts, un certain nombre de principes moraux, un certain type de vocabulaire.
Et on ne se rend pas compte qu’en faisant ça, on éloigne des personnes dont on a besoin dans l’écosystème.
On a besoin de designers, on a besoin de marketeurs, on a besoin de gens qui vont trouver des tas d’usages auxquels on n’a pas du tout pensé.
C’est comme si on avait mis que des devs pour faire exploser internet fin 90, on y serait encore un truc qui clignote en vert !
Pierre : Oui, c’est vrai.
Le Public : Que pensez-vous des problèmes de fongibilité de bitcoin et des alternatives comme Monero qui… ?
Pierre : C’est une très bonne question.
Je ne suis pas sûr qu’il faille y penser grand-chose.
Je pense que la privacy, c’est un aspect très important des cryptomonnaie.
La résistance à la censure, en tout cas, plus encore que la privacy.
Parce que la privacy sur internet, c’est très difficile à maîtriser.
Je ne pense pas que l’utilisateur moyen soit capable de rester anonyme dans sa navigation sur internet, et a fortiori dans ses transactions en crypto.
Donc ce n’est pas assez.
Par contre, la résistance à la censure, ça, c’est super important, effectivement.
Ça peut passer par des monnaies comme Monero ou d’autres.
Mais bitcoin, avec Taproot, a amélioré les choses.
Ce n’est pas encore parfait mais c’est à un niveau assez satisfaisant, en tout cas par rapport à ce qui existait avant.
Après c’est le chat et la souris.
C’est un processus, la privacy, ce n’est pas quelque chose de statique.
Comme la sécurité.
Dans le cas de bitcoin, on a un processus qui fonctionne, une avancée avec Taproot et d’autres fonctionnalités, dans la dernière version de Bitcoin core.
Ce n’est jamais gagné.
C’est un combat qui continue.
Donc je n’ai pas de réponse vraiment claire à votre question mais je pense que c’est un souci qu’il faut garder à l’esprit, sur la résistance à la censure en tout cas.
Le Public : Oui effectivement la dernière fois que j’ai parlé avec des gendarmes, que je leur ai demandé ce qu’ils pensaient quand des activités criminelles faisaient circuler du bitcoin, ils ont fait un sourire mais jusqu’aux oreilles ! « On est ravi ! » Maintenant que les gendarmes sont formés, ils sont hyper contents que les criminels utilisent bitcoin.
C’est beaucoup plus facile, 10 fois plus facile, c’est pour ça que c’est 10 fois moins utilisé. »
Le Public : Il y a les mixeurs
Le public : Il y a les mixeurs mais une fois que tu utilises un mixeur, m’a dit un avocat, tu es automatiquement grillé.
C’est comme ajouter un drapeau pour dire que je suis dans les activités illicites.
Le Public : Voilà c’est ça ! Si nous, on se met tous à utiliser des mixeurs…
Si tout le monde utilisait un mixeur, ce serait une vraie protection.
Le Public : Et c’est que Tor est vérolé.
On vient de voir que Tor est vérolé, avec 900 serveurs.
C’est vraiment nouveau et ça ne m’a pas fait plaisir, même si je n’utilise pas Tor.
Il y a 900 serveurs à peu près de vérolés, depuis pas mal d’années, donc c’est très embêtant.
Pierre :
Et puis ils censurent le Torproject.org en Russie.
Il y a des attaques sur Tor régulièrement.
[Applaudissements]
Attention : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'association, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Voici la transcription du meetup du 9 décembre 2021 pendant lequel nous avons reçu Pierre Noizat, de Paymium. Il est venu nous parler de “Pluralisme monétaire”.
Immersion avec lui pendant 1h30.
Le replay
Transcription
Pierre Noizat :
“Bravo à Blockchain et Société pour les 50 meetups. C’est quand même remarquable je pense qu’il n’y a pas autant d’associations que ça qui font un tel boulot de pédagogie, de rencontre en France. Donc encore une fois bravo et merci de m’accueillir pour parler de Paymium. Très vite, comme l’a dit Laure, c’est la première plateforme d’échanges bitcoins - euros au monde.
Chronologiquement, en taille, on a été dépassé, on ne va pas se mentir, par quelques-unes que vous connaissez pour différentes raisons que je pourrais vous expliquer mais qui ont trait au contexte européen. Il faut effectivement s’expatrier dans des contrées offshores. Ça peut être un choix de vie mais ce n’était pas le mien en tout cas.
Donc moi j’ai décidé de… C’est un peu comme les alpinistes qui veulent franchir des montagnes difficiles, ça m’intéresse plus que de gravir une colline. Donc on n’est pas parti offshore, on est resté en France et c’est plus compliqué… Parce qu’il y a un lobby bancaire extrêmement puissant et qu’on a eu des difficultés effectivement avec les banques, globalement. Et ces difficultés continuent encore en 2021. C’est ce que je voulais dire pour le contexte français des cryptos. Il y a encore des gens qui se font fermer leur compte en France parce qu’ils échangent des cryptos. Aussi délirant que ça puisse paraître, c’est encore le cas.
Ça n’empêche qu’on progresse chaque année chez Paymium. On est on a 250 000 clients. On brasse à peu près 100 millions d’euros cette année sur la plateforme. Et en progression, on est quasiment sur un doublement de nos chiffres d’une année sur l’autre, par rapport à 2020.
Contrairement à ce que vous pouvez lire parfois dans les médias, il n’y a jamais eu, de notre point de vue, de chute du bitcoin. Il y a parfois une volatilité du cours qui peut s’expliquer en tout cas avec cette technologie qui progresse chaque année de manière régulière. On est au tout début. On est tous d’ailleurs des « adopters » et au bout de dix ans, c’est encore le tout début. Je pense qu’il faudra encore une dizaine d’années au moins de maturation et là dans dix ans, on pourra dire qu’on sera en adoption de masse. Mais aujourd’hui on est tous des « early adopters ».
C’était pour vous donner ces éléments de contexte sur moi. Je suis venu aux cryptos par la science, puisque j’ai une formation d’ingénieur. Je ne suis pas venu en tant que financier et vous imaginez bien qu’en 2011 de toute façon, (et avant), ça n’intéressait que des gens sous l’angle informatique et sciences. Ce n’était pas une affaire de financiers à l’époque. Donc il n’y avait pas de financier intéressé par bitcoin à l’époque. Et ça a évidemment bien changé, surtout en 2017 - 2018 avec la vague des ICO, où toute la finance traditionnelle est venue. Pas mal de gens ont quitté leur job d’ailleurs et sont venus sur les cryptos. C’était une période intéressante et ça a contribué à la croissance qu’on connaît encore aujourd’hui.
Alors de quoi je vais vous parler aujourd’hui ? Je ne vais pas vous parler de Paymium parce que c’est exchange, c’est-à-dire une bourse d’échange. Il y a des brokers qui sont parfois passés par des échanges. Nous, on est un exchange, c’est à dire qu’on met en rapport des acheteurs et des vendeurs. On ne vend pas des coins et on ne rachète pas des coins pour notre compte propre, comme le font les brokers, comme le sont pas mal de nos concurrents. On a vraiment une plateforme avec un moteur de trading et un carnet d’ordres. Donc c’est différent d’un broker. Typiquement, la différence est que vous allez payer des « fees » moins élevés sur un exchange que chez un broker. Après, il y a le « spread » qui peut être plus important sur une plateforme. Le « spread » est l’écart entre le meilleur vendeur et le meilleur acheteur. Cet écart peut être plus ou moins grand, effectivement, c’est ce que vous payez en plus de la commission. Mais globalement, on est sur une commission, chez-nous, inférieure à 1%. Je tenais à vous le dire quand même parce que chez tous les brokers, vous payerez 1,5% de commissions.
Après, objectivement, la problématique de la commission sur l’achat ou la vente des cryptos… Quand une crypto peut varier de 10% à 20% dans la journée, c’est vrai que vous vous en foutez un peu de payer 1% de commissions. Quand vous avez une plus-value de 20% dans la journée, le sujet de la commission… et on s’aperçoit à l’usage, nous, on le voit de notre fenêtre, que ce n’est pas le sujet central pour certaines personnes. Par contre, si vous êtes vraiment un trader régulier, ça peut être un sujet surtout si vous utilisez un bot de trading. Ça c’était pour présenter un peu ce je fais dans l’écosystème.
Donc pourquoi on a fait en 2011 un exchange ? … parce qu’en 2011, c’était le tout début, il y avait tout à faire. En fait, en 2011 il y avait un vrai besoin, une vraie problématique d’accéder aux cryptos. Ce n’était pas si simple de trouver quelqu’un qui allait vous les vendre de la main à la main, même si c’était possible. Donc il y a eu Mtgox, qui existait à l’époque et qui depuis, comme vous le savez, a disparu… qui n’inspirait pas trop confiance pour plein de raisons et donc c’était la raison pour laquelle on s’est dit « on va peut-être faire une autre plateforme, en concurrence avec Mtgox », pour justement amener un peu de sérieux, de professionnalisme. Et c’est ce qu’on a fait. Vous connaissez l’histoire de Mtgox. Nous, on est toujours là, donc quelque part, on n’a pas eu tout faux sur ces questions.
Donc de quoi je veux parler ce soir ? Ce n’est pas l’exchange mais de bitcoin, sous l’angle plus généralement des cryptos par rapport à la finance traditionnelle et j’irai aux attaques et aux critiques qu’on entend. Vous devez tous, en tant qu’avertis du domaine des cryptos, quand vous rencontrez des gens, vous devez être sûrement bombardés d’objections, de questions et éventuellement de critiques. Et mon propos ces dernières années a été effectivement de donner des arguments. Après, vous pouvez vous les approprier, les rejeter, on pourra en discuter dans la session questions - réponses. Mais en tout cas, au fil des ans, les arguments des opposants sont tombés les uns après les autres. Par exemple, la disparition du bitcoin, ils n’y croient plus trop eux-mêmes. Ils ont tous la mort de bitcoin et aujourd’hui, il y a moins de gens qui le font parce qu’ils se rendent bien compte qu’ils sont un peu ridicules. Donc je pense qu’on n’est plus sur ce sujet.
Le seul sujet qu’ils arrivent vraiment à maintenir en vie de manière efficace, par la presse, notamment il y a eu un article du Monde encore cette semaine, donc c’est la question de l’utilisation de l’énergie, notamment par bitcoin. Effectivement la discussion sur preuve d’enjeux vs. preuve de travail est super intéressante donc c’est ça que je vais vous proposer dans la présentation.
1ère slide : le prêt bancaire Souvent ce que vous observez, quand vous commencez à parler de bitcoin, si vous allez immédiatement sur l’explication de comment fonctionne bitcoin vous risquez de perdre les gens parce que, parce que c’est assez technique. En fait la question qu’il faut se poser, c’est quelqu’un qui vous demande « comment fonctionne bitcoin ? », est-ce qu’ il sait au moins comment fonctionne l’euro ? Et en fait dans 99% des cas, vous allez vous apercevoir que les gens qui vous demandent comment ça fonctionne, ne savent pas comment fonctionne la monnaie qu’ils sont obligés d’utiliser. C’est normal parce que comme ils st obligés de l’utiliser, ils ne se sont jamais posé la question. Si vous êtes obligés d’utiliser un truc, vous ne vous posez pas la question sur le truc. D’ailleurs autre parenthèse, c’est que dans le débat politique en ce moment autour de la présidentielle, vous remarquerez que la question de l’euro est totalement sortie. C’est une question qui n’est jamais abordée, celle du monopole monétaire, puisqu’on vous l’impose, vous avez l’impression que vous n’y pouvez rien. Vous trouvez normal qu’on n’en parle pas. Au bout d’un moment il y a cette espèce d’esprit qui fait qu’on a sorti totalement la question de la monnaie des débats politiques, et en particulier celle du monopole, qui est celle que je pose régulièrement.
Donc je rappelle toujours comment fonctionne l’euro. Et l’euro est donc ce que l’on appelle de la monnaie dette, de la monnaie fiat en anglais on dit souvent ça. Et pour l’illustrer, je vous montre ici comment ça se passe, à travers un prêt bancaire. Le prêt bancaire est une transaction de création monétaire, dans lequel avant la transaction, on a un état du bilan de la « banque » et de « Bob », qui est ce qu’il est.
Après la transaction de création monétaire, on a donc l’émission d’un prêt attribué à Bob. A ce moment-là, le bilan de la banque et celui de Bob ont changé, ils ont augmenté. La taille du bilan a augmenté côté banque. Un bilan est toujours équilibré. Vous avez vous avez des notions de comptabilité, tous ou pas ? Parce qu’un bilan comptable, ce n’est pas quelque chose de très naturel, de très intuitif pour des gens qui n’ont pas un peu étudié la compta. Ce n’est pas ce qu’il y a plus intuitif, la compta. J’ai même coutume de penser que c’est même quelque chose d’assez compliqué si on rentre dans les détails. Mais globalement retenez qu’un bilan est toujours équilibré, avec une colonne actif et une colonne passif et ça s’équilibre. C’est ce que font les comptables.
Donc par exemple la banque a émis un prêt pour Bob donc ça vient à son actif parce que maintenant Bob lui doit de l’argent, donc c’est quelque chose qui va rapporter à la banque. Bob lui doit de l’argent avec des intérêts donc c’est dans la colonne actifs. Par contre le compte de Bob, qui lui, affiche la même somme, puisqu’on a débloqué le prêt. Donc maintenant le compte de Bob est à 10 000 euros en plus. C’est une dette de la banque vis-à-vis de Bob. Ils disent que sous forme de dette, on ne possède jamais vraiment les euros. Tout ce qu’on a c’est une dette à la banque. Vous pouvez dire que vous possédez les euros le jour où vous allez au distributeur les retirer sous forme de billets. Vous pouvez considérer que quand c’est des billets vous êtes un peu votre propre banque, un peu comme dans bitcoin mais avec la limite que le billet n’a pas de réelle contrepartie. Donc le bilan de la banque a augmenté de 10 000 euros, le montant du prêt, et chez Bob c’est un peu la même chose : il a un compte bancaire maintenant qui a alimenté avec les 10 000 euros mais il les doit à la banque. C’est un peu un tour de passe-passe, le jeu de Bonneteau : vous n’avez rien vu, on a créé 10 000 euros en une transaction.
Donc c’est vraiment une création ex-nihilo.
C’est important que les gens le comprennent parce que sinon après, quand on parle des cryptos, ils vont vous dire « ouais mais c’est de l’argent magique, il n’y a pas de contrepartie, c’est créé ex-nihilo » … « bah oui mais c’est comme l’euro alors ».
Et on va voir en plus que dans le cas de bitcoin, il y a un coût collatéral.
La deuxième chose très importante qu’il faut bien comprendre sur l’euro, c’est que si c’est un prêt de pair à pair, entre particuliers, il n’y a pas de création monétaire, d’où confusion sur la notion de « loyer de l’argent ». Donc les banquiers ont tendance à vous faire croire qu’il y aurait une « times value of money » c’est à dire qu’il faut récompenser le fait qu’on vous loue de l’argent. Or dans le cas de la banque, vous avez bien compris qu’il n’y a pas de location, ce n’est pas un loyer puisque c’est une création ex nihilo. Donc la banque ne renonce pas à jouir d’une somme nouvelle puisqu’elle l’a créée ex nihilo. Il n’y a pas de renoncement.
Par contre, si c’est un prêt entre particuliers, il y a un renoncement à profiter de la monnaie que j’ai pour moi et je la prête à quelqu’un d’autre. C’est exactement comme quand vous prêtez votre voiture ou votre appartement. Dans ce cas-là, la notion de loyer de l’argent a un sens.
Cette distinction entre prêts bancaires et prêts de pair-à-pair est très importante parce que sinon on ne comprend pas ce que c’est que la notion même d’intérêt.
Ce qui pose la question de c’est quoi les intérêts quand c’est un prêt bancaire ? Alors là, il y a l’explication magique : les intérêts, c’est pour couvrir mon risque. Je n’ai pas bien compris parce que ça a été créé ex nihilo donc je ne sais ce qu’est le risque. Est-ce que c’est un risque de faillite ? Non puisque toute façon, il y a un prêteur de dernier ressort qui s’appelle la Banque Centrale, qui va venir au secours de la banque si jamais les prêts ne sont pas remboursés donc il n’y a pas de faillite en fait, ou alors ce sont vraiment des circonstances très particulières ! On ne sait pas très bien à quoi correspondent les intérêts sur un prêt bancaire. En tout cas je vous invite à y réfléchir et à questionner parce que cette notion est très importante puisque c’est une grande partie des revenus de la banque et ça coûte très cher aux particuliers.
Donc dans le cas d’un prêt de pair à pair, retenez que c’est juste un transfert d’euros d’un compte à un autre, et il n’y a pas de création monétaire.
2ème slide : « Energie – Travail » Maintenant qu’est ce qui se passe quand c’est une cryptomonnaie, notamment bitcoin, c’est-à-dire quand il y a une preuve de travail ? Pour répondre à cette question, il faut déjà savoir ce que c’est que l’énergie et le travail et comprendre qu’en fait c’est la même chose. Le travail c’est un flux d’énergie. Quand vous fournissez un travail sur un mois, vous fournissez un flux d’énergie pendant un mois donc l’énergie est votre puissance de travail multipliée par la durée. L’énergie c’est la puissance à appliquer sur une certaine durée donc sur un mois à la fin, vous avez fourni à votre employeur une certaine quantité d’énergie et vous recevez de la monnaie en échange sous forme d’un salaire. Donc il y a bien une équivalence entre énergie et monnaie, en tout cas on accepte cette équivalence, ce qui fait dire que la monnaie est une représentation de l’énergie. C’est indiscutable puisqu’on l’accepte comme une représentation. Ce n’est pas de l’énergie au sens…
Quelle est la différence entre la monnaie l’énergie ? L’énergie, vous pouvez trouver la définition… La monnaie, on ne peut pas se chauffer avec. Si je vous la donne, vous allez me demander si ce chèque par exemple n’est pas un chèque en bois, ou si c’est des bitcoins, est-ce qu’il n’y a pas eu une double dépense. Le bitcoin est une information numérique donc ce n’est pas de l’énergie, c’est de l’information.
Donc effectivement, l’énergie obéit à la loi de la conservation, le premier principe de la science de l’énergie qu’on appelle la thermodynamique. Je préfère parler de science de l’énergie parce que ça fait moins peur. La science de l’énergie nous dit « conservation de l’énergie » donc dans le cas de l’énergie si je vous la donne… je ne l’ai plus… il ne peut pas y avoir de création d’énergie ni de destruction d’énergie. Par contre la monnaie, on peut la créer et la détruire, on peut la copier, faire de la fausse monnaie. On ne peut faire de la fausse énergie. Donc ça c’est la différence entre la représentation de l’énergie et l’énergie elle-même.
C’est juste des rappels. Si vous avez fait un peu de thermodynamique, c’est clair pour vous. Si ce n’est pas le cas par contre, ça peut être des notions un peu nouvelles.
La mesure de l’énergie c’est le Joule. Vous entendez souvent parler de watts heure. A ce moment-là, ce ne sont pas des watts par heure, ce sont des watts multipliés par des heures, puisqu’une énergie, c’est une puissance appliquée pendant un certain temps. Donc en gros, 1 watt-heure est une puissance appliquée pendant une heure, donc c’est 3600 Joules. 1 Joule, c’est 1 Watt par seconde, c’est-à-dire 1 watt pendant 1 seconde.
Donc voilà un peu les mesures que vous voyez aussi dans les débats sur le changement climatique etc., de l’énergie en général. On parle de watt-heure, on ne parle pas de Joules. L’unité internationale, c’est le Joule.
Donc si on déplace un poids comme ça avec un moteur, on a converti de l’énergie. On n’a pas créé de l’énergie, on l’a convertie.
Là par exemple, on convertit de l’énergie électrique en énergie mécanique. Cette énergie mécanique, on l’applique à un poids, un paquet. Du coup, vous allez me dire « mais où est passé l’énergie ? », parce que là, on a appliqué de l’énergie, on a consommé de l’énergie. Et comme vous avez dit conservation, elle n’a pas disparu donc où est-ce qu’elle se retrouve, cette énergie ? Est-ce que quelqu’un connaît la réponse ? … Voilà, c’est cette fameuse énergie potentielle, merci. Et en l’occurrence, une énergie potentielle de gravitation, qui va être liée aux déplacements du poids vers le haut. Donc on a stocké de l’énergie potentielle. Ça ne se voit pas. Ce qui est fascinant avec l’énergie, c’est que ça ne se voit pas mais ça a des effets bien concrets bien réels. Ça aussi c’est un truc important et un point commun avec la monnaie. Elle est invisible mais elle a un effet considérable sur notre vie quotidienne.
Cette équivalence, j’en ai parlé.
3ème slide : « Travail – Monnaie » Du coup quand on représente de l’énergie, on n’a pas le choix. Soit c’est une énergie du passé, soit c’est une énergie du futur. L’énergie en elle-même est un flux insaisissable. Quand vous avez une représentation d’énergie, vous pouvez vous demander si c’est une énergie future ou une énergie du passé.
Dans le cas de bitcoin, ça va être une preuve de travail, une preuve d’énergie passée. On est dans le passé puisque le mineur a extrait un bloc donc c’est bien une preuve d’énergie dans le passé puisque la transaction est acceptable dans le système bitcoin.
Si c’est un euro, c’est une promesse d’énergie future puisqu’il n’y a pas eu de minage. Il y a juste la promesse de l’emprunteur de rembourser la dette, la fameuse dette dont on parlait en introduction, qui a permis de créer les euros en question. Donc on est dans la promesse d’une énergie future qui va être fournie par l’emprunteur.
4ème slide : « L’énergie existe sous forme de flux ou de stock » Et puis la dernière chose des rappels rapides sur l’énergie. L’énergie, vous l’avez compris, ça existe sous forme de flux ou de stock. C’est juste la chose qu’il faut retenir. Par exemple une batterie peut être un stock d’énergie chimique si c’est un courant électrique évidemment c’est un flux et pareil pour l’hydraulique on peut l’avoir sous forme de flux ou on peut aussi la stocker à ce moment-là, ça va être l’énergie potentielle du barrage… on a l’énergie potentielle gravitationnelle de l’eau qui est stockée derrière le barrage et on peut la récupérer quand on laisse couler l’eau donc il y a une notion de flux et de stock qu’il faut avoir bien à l’esprit.
Le travail c’est donc un flux, typiquement un flux d’énergie. Donc ça c’est le principe de conservation dont j’ai déjà parlé.
5ème slide : « L’énergie n’est pas consommée mais transformée et dissipée »
Donc les transformations d’énergie, s’il n’y a pas de destruction, la seule chose qui peut arriver à l’énergie, c’est de se retrouver sous forme de chaleur. La chaleur est juste l’énergie sous forme diffuse, quasiment inutilisable. On ne peut pas l’utiliser directement, comme pour déplacer des objets. La transformer est compliqué. Il faut avoir à ce moment-là un système de… Par exemple la machine à vapeur, on rapproche une source froide et une source chaude. Mais la source chaude toute seule ne permet pas de produire du travail mécanique. Le deuxième principe est beaucoup plus abstrait. Le premier principe de conservation est facile à comprendre. Le deuxième principe par d’entropie. L’entropie est une autre notion que l’énergie. Ce n’est pas de l’énergie, l’entropie. C’est un concept que les gens ont parfois du mal à appréhender mais il faut le connaître. Donc c’est une mesure de l’incertitude sur l’évolution de votre environnement. Si on vous donne une information sur ce qui va se passer… Par exemple si vous devez traverser une forêt ou un territoire inconnu et qu’on vous donne la carte, c’est de l’information et cette information va diminuer votre entropie. Elle va diminuer votre incertitude sur ce qui va se passer dans votre traversée de ce territoire parce que maintenant vous avez une carte. Vous avez reçu de l’information. On parle parfois de « néguentropie », c’est l’information qui permet de diminuer l’entropie. C’est super important à garder à l’esprit pour comprendre les mécaniques des forces de la nature. Tout ça est lié. Donc le deuxième principe qui parle de l’entropie dit juste : si j’ai un système isolé (qui n’existe qu’en laboratoire ; il n’y en a pas dans la vraie vie), l’entropie va avoir tendance à augmenter. Ce n’est pas très surprenant.
Par exemple, un récipient fermé avec un compartiment où on a mis du gaz froid, et un compartiment où un a mis du gaz chaud. Le chaud va aller vers le froid. Les molécules vont avoir tendance à se mélanger aux molécules froides. On va voir plus de désordre donc on aura une plus grande incertitude sur ce que va faire une molécule. L’entropie augmente puisqu’on a une incertitude de l’observateur qui observe le système, une incertitude sur le comportement de la molécule. Quand le gaz est tiède, on ne sait pas très bien dans quel sens la molécule va traverser l’orifice entre les deux compartiments, parce qu’elles sont toutes mélangées.
Alors que si on regarde l’autre partie (du schéma), on peut prédire assez facilement qu’une molécule chaude va traverser dans ce sens-là l’orifice entre les deux compartiments.
Donc augmentation de l’entropie puisque augmentation de l’incertitude par rapport au système observé (dans le 1er cas).
6ème slide : « Systèmes ouverts & troisième principe » Le troisième principe c’est plus intéressant, de loin, parce que vous pouvez en voir les effets dans plein de domaines de la science et de la nature. Il dit en gros qu’un système ouvert, c’est-à-dire à peu près n’importe quel système. Nous sommes des systèmes ouverts, les êtres humains, cette bouteille d’eau, l’univers observable… est un système ouvert. Ces systèmes ouverts s’autoorganisent pour maximiser le flux d’énergie qui les traverse. Ça veut dire qu’on a une énergie incident qui arrive sous forme de chaleur, d’énergie cinétique, solaire… il y’a plein de flux d’énergie qu’ils peuvent parvenir un système ouvert. Il va s’autoorganiser pour maximiser ce flux, pour ne pas s’opposer à ce flux qui veut le traverser.
Je prends l’exemple parfois de la source qui coule du haut de la montagne : vous savez qu’elle va suivre le ligne de plus grande pente. Ça veut dire qu’elle va dissiper son énergie potentielle gravitationnelle le plus vite possible, donc maximiser le flux pour restituer son énergie potentielle gravitationnelle. Elle va le faire toute seule. Elle va maximiser ce flux, elle va s’autoorganiser. L’eau va s’autoorganiser sous forme de cours d’eau qui suivent la ligne de plus grande pente. Je prends cet exemple parce qu’il est assez simple à visualiser. Après, on est sur des exemples éventuellement abstraits. Évidemment, le plus évident, ce sont les molécules qui s’autoorganisent en… par exemple jusqu’au vivant, puisque les molécules s’autoorganisent en êtres vivants, qui eux ont un système qui va dissiper beaucoup plus d’énergie qu’une molécule prise toute seule ou prise dans un solide quelconque. Donc ce principe-là explique aussi l’émergence de formes organiques : les plantes et les êtres vivants résultent de ce troisième principe de la thermodynamique. Je ne reste pas plus longtemps là-dessus mais c’est important d’avoir à l’esprit quand on parle d’énergie puisque c’est la discussion qui a lieu en ce moment sur la politique énergétique, tout ça, ça tourne autour de ces concepts.
7ème slide : « Energie potentielle & Energie interne » Donc on a parlé d’énergie potentielle.
8ème slide : « Production d’électricité globale Et on arrive à bitcoin, qui effectivement est une représentation de l’énergie passée. L’énergie passée utilisée par les mineurs pour extraire les blocs. Donc dans chaque bitcoin, j’ai une preuve de cette énergie, ce que j’appelle, moi, une monnaie preuve, par rapport à une monnaie promesse comme l’euro. Là, on a une monnaie preuve parce qu’on peut mathématiquement vérifier cette preuve.
C’était un peu le modèle de l’or puisque lorsque vous recevez une pièce d’or, plus généralement une matière première, c’est une preuve d’énergie aussi puisqu’elle est elle-même un stock d’énergie, un stock d’atomes.
Il y a une équivalence entre masse et énergie. Depuis Einstein, on sait ça : E=MC². Donc vous avez une masse d’or, c’est-à-dire une masse d’énergie. Cette énergie atomique, nucléaire, n’est pas facile à libérer, soyons clair. Vous savez qu’il y a des gens qui essayent de faire de la fusion nucléaire. Ça consiste justement à libérer l’énergie d’isotopes d’hydrogène. C’est une énergie propre à ce moment-là et ça tire avantage de cette énergie nucléaire qui est stockée dans les corps chimiques. Donc la pièce d’or a cette énergie mais surtout, elle est la preuve d’énergie du mineur qui a extrait de ce minerai une mine d’or. Vous avez une preuve d’énergie avec la pièce d’or.
Bitcoin est une preuve d’énergie mathématique. Avec une pièce d’or, vous avez une preuve d’énergie physique. Fondamentalement c’est assez proche. La grande différence est celle que je vous ai soulignée en introduction : la pièce d’or, je ne peux pas la dupliquer alors qu’un bitcoin je peux tenter de faire une double dépense, parce que c’est de l’information. Et le génie de bitcoin, c’est justement d’empêcher la double dépense. Donc on a une information, un comportement très proche de celui d’une forme d’énergie. Bitcoin, je dirais, fait le lien entre l’information et l’énergie, de manière presque asymptotique. On n’est pas sur de l’énergie, c’est-à-dire qu’on ne peut pas se chauffer avec un bitcoin. Mais on est très proche de l’or puisqu’on ne peut pas dupliquer, on ne peut pas faire une double dépense.
La production d’énergie mondiale (c’est un chiffre que vous pouvez garder à l’esprit dans les débats sur le choix entre le nucléaire, l’éolien…) : 160 000 TWh (TéraWattHeures) est la production globale d’énergie, toutes énergies confondues y compris fossiles.
Dans ces 160 000 TWh, il y en a 50 000 qui sont perdus dans des « inefficacités de production et de distribution ». Donc l’électricité typiquement, vous allez perdre entre 5 et 10% dès que vous faites quelques centaines de kilomètres, avec les lignes à haute tension. C’est comme ça qu’on arrive aux 50 000 TWh. Si vous extrayez du pétrole, il y a plein de méthane qui est libéré… ce sont les torchères qu’on voit sur les usines de production pétrolière.
Donc là, il y a plein d’énergie à récupérer, dans le processus de production d’énergie lui-même. Il y en a un tiers. C’est énorme ! Bitcoin là-dedans représente aujourd’hui à peu près 114 TWh. C’est un ordre de grandeur, on peut discuter si c’est 110 ou 120, peu importe, vous avez un ordre de grandeur. C’est une poussière par rapport à ces 50 000. Le protocole bitcoin est fait pour aller chercher ces 50 000, parce que le mineur, pour être rentable, il doit aller chercher l’énergie la moins chère, sinon ses concurrents vont être plus rentables que lui et il ne va pas être compétitif. Donc s’il veut trouver des investisseurs, s’il veut acheter du matériel pour rester compétitif, il doit aller chercher l’énergie la moins chère. Et cette énergie-là moins chère par définition est dans ces 50 000 TWh et non dans les 100 000 TWh qui restent, qui eux, sont fournis ici par exemple (lumière de la pièce) vendus au prix fort. Ça ne peut pas intéresser un mineur. Donc ça c’est très important. C’est la réponse à l’objection « oui mais Bitcoin utilise autant que la Suisse ou la Hongrie ». C’est comme si on regardait l’offre sans regarder la demande. Ça veut dire juste que la demande des mineurs bitcoin est peut-être égale à la demande des Suisses en énergie. Par contre l’offre en face de cette demande n’est pas du tout la même. Pour les Suisses ce sera l’énergie produite en Suisse. Pour les mineurs, ce sera celle produite je ne sais pas où, au Kazakhstan ou en Chine ou aux Etats-Unis ou ailleurs. Donc offre et demande, si on ne parle que d’une partie de l’équation, évidemment on peut arriver à dire des âneries. Donc ceux qui disent… Digiconomist pour pas le citer… qui dit « bitcoin consomme autant que les Suisses », on peut lui rétorquer ça déjà. Si la demande est la même, est-ce que l’offre est la même ? Et évidemment ce n’est pas le cas. L’autre chiffre que vous pourrez garder à l’esprit, c’est les 25 000 TWh, pour l’énergie électrique. Effectivement bitcoin est majoritairement normalement de l’énergie électrique. Il y a quelques mineurs qui se sont placés sur des champs de pétrole pour aller chercher ce qu’on appelle en anglais le « flare methane » donc ce qui sort des torchères. Mais ça reste assez anecdotique. On est plutôt sur les surplus d’énergie électrique. Et les surplus d’énergie électrique, on les trouve dès qu’il y a un flux. Les énergies renouvelables sont des flux d’énergie. Le solaire est un flux. L’éolien est un flux. L’hydraulique est un flux. Le fossile est un stock de pétrole. Le nucléaire est aussi un stock d’énergies fossiles, en fait, puisque l’uranium est un minerai en quantité limitée aussi donc on peut considérer que le nucléaire est aussi fossile. Donc pourquoi le renouvelable génère des surplus ? Tout simplement parce qu’en face d’un flux, il n’y a pas toujours une demande exactement égale aux flux. C’est impossible que la demande soit toujours égale au flux. Donc quand la demande passe en-dessous, vous avez un surplus. Aujourd’hui, sans minage bitcoin, ce surplus est perdu. Ce que permet le minage bitcoin, celui qui a construit cette infrastructure de production d’énergie renouvelable, que ce soit un barrage ou une éolienne ou des panneaux solaires, il peut rentabiliser les périodes où la demande n’est pas égale aux flux. Juste ça, c’est plutôt favorable aux énergies renouvelables. Pourquoi ? Parce que ce raisonnement ne s’applique pas si c’est de l’énergie fossile. Dans le cas des énergies fossiles, on stocke et on peut différer la vente du stock, donc on va juste attendre qu’un acheteur se manifeste et il n’y a pas de surplus de pétrole, ça n’existe pas.
Donc la différence entre les deux explique pourquoi bitcoin est bénéfique aux énergies renouvelables. Donc ça casse un petit peu le discours catastrophe écologique qu’on entend régulièrement.
9ème slide : « Energie, monnaie fiat et étalons monétaires L’utilisation de l’énergie produite par l’or est largement supérieure (à peu près plus deux fois supérieure), parce que le minage de l’or consomme beaucoup d’énergie et en plus, ça détruit l’environnement (raser des forêts et polluer les sols avec des produits chimiques), ce qui évidemment n’est pas le cas de bitcoin. Donc ne serait-ce encore une fois sur l’aspect écologique, bitcoin est préférable à l’or. Encore une fois ceux qui s’interrogent sur l’impact environnemental de bitcoin, la question qu’il faut leur retourner, c’est « Pourquoi vous ne vous intéressez pas au minage de l’or qui est bien pire ? ». C’est bizarre, ils se focalisent sur bitcoin et ils ne parlent pas de l’or. C’est très suspect. S’ils sont tellement motivés par l’écologie, ils devraient s’intéresser davantage à l’or. En fait, ils ne sont pas tellement intéressés par l’écologie puisqu’ils n’ont pas ces chiffres. Ils sont juste dans le dénigrement parce qu’ils ont en général des lobbyistes. Et je ne parle même pas du système bancaire lui-même qui consomme à peu près comme les autres grands systèmes numériques, comme les fameux GAFAM (Google…), qui est à peu près dans ces 250 000 TWh par an. C’est l’ordre de grandeur pour les grands systèmes numériques comme YouTube, Google ou Facebook. Donc on est encore une fois supérieur à celui de l’utilisation de bitcoin. Après, on est ramené à la notion d’utilité, parce que les gens qui critiquent l’utilisation d’énergie par bitcoin, ce sont en fait des gens qui n’utilisent pas bitcoin. Donc si vous n’utilisez pas un truc, vous avez toujours trouver qu’il consomme trop, évidemment. La discussion sur l’utilisation de l’énergie, c’est la discussion sur l’utilité, en fait. Et donc il ne s’agit pas de laisser à certaines personnes le droit de décider ce qui est utile et ce qui ne l’est pas. Bitcoin favorise l’inclusion financière, par exemple. Il y a à peu près deux milliards de personnes sur Terre qui n’ont pas de compte bancaire ni de service financier vraiment adapté. Si bitcoin leur permet l’inclusion et leur donne un compte bancaire, je pense que c’est utile pour eux et ce n’est pas utile pour ceux qui vont sur les plateaux de télévision et qui écrivent dans les journaux que bitcoin, c’est mauvais pour l’environnement, évidemment, parce que ça consomme de l’électricité.
10ème : « Prix plancher de l’énergie » Je vous ai parlé de la notion de prix plancher pour l’énergie pour les énergies renouvelables.
11ème slide : « Bitcoin, prix plancher t surplus d’énergie » J’ai parlé des surplus.
12ème slide : « Thermodynamique et science économique » On a parlé de l’énergie comme valeur universelle. Dans le cas de bitcoin, on en fait une sorte d’étalon de valeur. On dit qu’avec bitcoin, on a un système monétaire qui peut servir d’étalon, fondé sur l’énergie. C’était un peu ce que faisait l’or mais bitcoin résout pas mal de problèmes qui existaient avec l’or, notamment la logistique, surtout la logistique de l’or. L’or et confiscable, c’est-à-dire qu’on peut déclencher une guerre pour aller confisquer l’or dans un autre pays qui en stocke. L’or est générateur de conflits, historiquement. Bitcoin n’étant pas confiscable, on ne peut pas envoyer des chars pour aller chercher les bitcoins qui sont achetés par un autre pays ou dans un autre pays. Donc c’est un facteur de paix aussi. La guerre est, d’un point de vue thermodynamique, une grande source de déséquilibre environnemental. L’entropie, j’en ai parlé, on peut la voir comme une mesure du bien-être dans le sens que si on réduit l’incertitude sur l’environnement, on admet moins de stress, donc on peut considérer qu’une réduction d’entropie correspond à une amélioration du bien-être.
Donc on a en économie 2 mesures : l’énergie pour la valeur et l’entropie pour le bien-être. Et on a une définition simple de la création de richesses puisque la création de richesses, dans cette grille d’analyse, c’est la science de l’énergie, c’est-à-dire rendre une énergie utilisable. Dès qu’on rend une énergie utilisable, on crée de la richesse, puisque la valeur, c’est l’énergie. Vous avez une grille de lecture de l’économie beaucoup plus simple que les théories parfois un peu fumeuses sur la valeur où la création de richesses est souvent des coups de considérations politiques. Là, on a une approche beaucoup plus rigoureuse à mon avis, beaucoup plus scientifique de l’économie. Et c’est celle que je défends et c’est celle qui en fait mise en œuvre par le système monétaire bitcoin.
13ème slide : « Monnaie-promesse et monopole » Vous avez des arguments sur lesquels vous pouvez réfléchir et décider de les utiliser ou pas vis-à-vis des objections qui sont faites au système bitcoin. Comme je l’ai dit en introduction, l’éléphant dans la pièce, aussi bien dans les débats politiques que dans les émissions d’éco, c’est le monopole de la monnaie. Combien coûte le monopole de la monnaie ? Je rappelle souvent que le produit net bancaire des banques en France, c’est 140 milliards d’euros par an, ce qui est de l’ordre de grandeur à peu près de ce que recouvre l’État avec la TVA. Donc on peut considérer qu’une fois qu’elles ont payé les gros salaires, les beaux sièges sociaux etc., il reste des profits, qui représentent l’équivalent de ce que l’Etat prélève sous forme de TVA. Là, il y a clairement un problème de coût du système, qui, vous l’observerez, est tout à fait sorti du débat. On va vous parler de toutes sortes de coûts, notamment le coût d’un lit d’hôpital. Mais on ne va pas vous parler du coût du système bancaire. Ça, c’est aussi quelque chose que je livre à votre réflexion. Vous en tirerez les conclusions vous voulez. Moi j’ai la mienne. De toute façon, les médias étant possédés majoritairement par les banques, ils sont totalement dans l’impossibilité de d’amener un discours critique. Ils sont prisonniers. C’est un des principes de l’obligé. C’est une conséquence du monopole. Quand vous avez un monopole, vous avez une emprise sur l’ensemble de la société, y compris les médias, y compris les partis politiques, qui doivent, eux aussi, financer leurs campagnes et la réalisation de leurs programmes auprès des banquiers. Donc on a un filtrage et ce sujet. Si je n’en parle pas ce soir, vous n’en avez pas entendu parler, je pense, dans les médias depuis très très longtemps !… La question du monopole et de la rente du monopole monétaire.
14ème slide : « PoW : un réseau & une base de données sans administrateur central » Je passe rapidement là-dessus parce que j’en ai déjà parlé.
15ème slide : « PoS : Nothing at stake » La proof of state.
Vous avez beaucoup de monnaies qui se présentent maintenant en disant « nous, on a une green tech parce qu’on fait de la preuve d’enjeu donc on n’utilise pas d’énergie, il n’y a pas de preuve d’énergie donc on a une green tech ». Alors je dis « Attention là, on va un peu vite ». Pourquoi ça va trop vite pour moi ? J’entends que la preuve d’enjeu est une green tech.
D’abord est-ce qu’il y en a dans cette salle qui pensent que preuve d’enjeu c’est plus écologique que preuve de travail ? Oui, 3 personnes. Est-ce que c’est quelque chose qui a priori vous a convaincus ? Je pensais qu’il y en aurait eu plus. Donc si vous ne l’êtes pas, ça veut dire que vous êtes comme moi, un peu sceptique.
Le principe de la preuve, c’est qu’on va se passer de la preuve de travail. On va garder juste les signatures. C’est en gros bitcoin avec une preuve de travail mise à zéro. Donc la gouvernance, ce n’est plus la puissance de hachage mais ça va être la quantité de coins qu’on a, par exemple. Après, il y a toutes sortes de variantes puisqu’ils veulent tous montrer que le système d’avant est cassé et que le leur est meilleur, donc ils vont ramener des améliorations.
Je pense que le principal problème de la preuve d’enjeu est qu’on a une monnaie en quantité illimitée. C’est ça « l’éléphant dans la pièce », quand on parle des protocoles de cryptomonnaie. Parce que s’il n’y a pas de preuve d’enjeu, il n’y a pas d’énergie donc il n’il y a pas de coûts à créer un nouveau réseau, pas de coût réel à « stake » (à faire du staking) quand un nouveau réseau arrive. Donc j’ai une offre de monnaie à preuve d’enjeu qui est en réalité illimitée. On ne peut pas dire qu’il y a une « cap » à 21 millions comme dans le cas de bitcoin. Vous allez me dire, dans le cas de bitcoin, on peut faire bitcoin cash, on va créer plus de coins, finalement. Oui sauf que quand on fait vite bitcoin cash, qu’est-ce qu’on fait ? L’énergie, on ne la sort pas d’un chapeau, elle est dépensée par les mineurs. Ça veut dire que… aujourd’hui vous avez 80% ou 99% des mineurs qui minent bitcoin et 1% qui mine cash. C’est à peu près ça le ratio. Et ça se voit donc dans le cours du prix du bitcoin cash qui est de 400 euros, quand celui de de bitcoin est 40 000 euros. Donc ça, c’est assez simple. On peut effectivement créer davantage de coins mais on fait juste une dilution. C’est mesurable. Je peux le suivre. Je peux juste additionner bitcoin cash, les différents forks, le taux de hash. Avec une règle de trois, j’ai à peu près les valeurs qui sont emmagasinés dans ses réseaux. Dans le cas de preuve d’enjeu, je ne peux. Si quelqu’un vient et crée un nouveau coin à preuve d’enjeu, c’est open bar, il n’y a aucune limite ! Il n’y a pas cette limite énergétique où quelqu’un va dépenser de l’argent, à la fois pour s’équiper de l’équipement de minage ou des factures d’électricité. C’est ça la grande différence. Et c’est pour ça qu’on est sur une quantité illimitée.
Donc le problème de la monnaie est illimitée, on le connaît déjà parce que c’est le cas déjà de la monnaie fiat. C’est l’argent magique. C’est les premières slides que je vous ai montrées.
La différence majeure, c’est que ce ne sont pas les mêmes personnes qui émettent la monnaie. Donc on n’a pas changé le paradigme de la monnaie illimitée avec la preuve d’enjeu. Par contre on a changé effectivement les « issuers » (les émetteurs). Ce n’est plus un banquier central, c’est une communauté qui lance un truc. Donc il y a quand même une avancée. Je ne vais pas dire que c’était mieux avant. Je ne veux juste pas qu’on puisse dire que c’est plus écologique, parce que ça, ce n’est pas vrai. S’il n’y a pas d’énergie, ça veut dire qu’on peut financer un nombre illimité de projets. La nature humaine étant ce qu’elle est, on va financer des projets qui sont néfastes pour l’environnement et on va épuiser les ressources naturelles parce que ça va être impossible en réalité d’empêcher les gens d’épuiser les ressources naturelles s’ils peuvent financer tous leurs projets. C’est juste ça que je voulais dire. Ce n’est pas parce qu’on met moins d’énergie dans une monnaie qu’on a automatiquement une monnaie écologique. C’est juste que c’est un modèle différent et que ça correspond à des objectifs différents. La preuve de travail, c’est vraiment la notion d’étalon monétaire, une économique où les flux sont mesurables, où il est beaucoup plus difficile de « gamer » le système et où la preuve d’enjeu se rapproche des monnaies fiat. On est sur le même modèle que la monnaie d’avant sauf qu’on a diversifié les émetteurs. Et ça, en soit, c’est plutôt pas mal. Mais attention, ça reste le modèle de la monnaie d’avant.
16ème slide : « Preuve d’enjeu vous. Preuve de travail » Je peux, pour illustrer, montrer deux peintures qui valent à peu près la même chose. C’est ça qui est intéressant. Sur le marché de l’art, on va payer des millions d’euros, aussi bien pour celle-ci que pour celle-là. Donc la monnaie à preuve d’enjeu est une valeur à marketcap, comme on dit, considérable aujourd’hui. En gros c’est la même chose que bitcoin. Si on regarde aujourd’hui, il y a 1 000 milliards sur bitcoin et à peu près 1000 milliards sur toutes les autres (si j’enlève Ethereum), enfin bon, il y a non une quantité considérable d’argent qui est sur le marché de l’art. J’ai rapproché ça du marché de l’art.
La preuve d’enjeu, c’est la signature de l’artiste (à gauche), II a 2 heures pour faire le truc et (à droite), il y a évidemment des décennies d’apprentissage. Évidemment ce n’est pas du tout la même chose. Il n’y a plus de preuves de travail. Juste la preuve d’enjeu. « Je suis Jackson Pollock » (très connu dans l’art contemporain, qui a fait ses premiers tableaux de cette sorte-là) et donc ils se vendent des millions de dollars parce qu’il s’appelle Jackson Pollock. On a fait monter la signature. Il est devenu un « stakeholder » du marché d’art contemporain. Il y a les galeries qui ont fait monter la sauce. Il y a toute une communication autour. C’est packagé, du marketing et on arrive à vous vendre ça à plusieurs millions de dollars. Là (à droite), c’est la preuve de travail. Vous ne pouvez pas faire un fake. Il faut passer les dizaines d’années pour l’apprentissage, pour arriver à maîtriser la peinture à ce niveau-là. C’est la preuve de travail. Donc je pense que c’est important de l’avoir à l’esprit quand on parle de preuve de travail et de preuve d’enjeu. Ça ne veut pas dire que ça ne marche pas. Il y a des gens qui gagnent beaucoup d’argent avec ça. Je ne suis pas en train de dire que ça ne marche pas. Je veux juste dire que ce n’est pas la même chose.
Voilà maintenant je vous laisse peut-être poser des questions. J’en ai fini en tout cas avec la présentation. [Applaudissements]
Questions / Réponses
Le Public : Est-ce que les intérêts du crédit ne servent pas à limiter l’inflation, en incitant, en dissuadant d’en faire ?
Pierre : C’est une vision. Je sais qu’il y a un tel formatage des esprits autour des taux d’intérêt, pour faire croire aux gens qu’effectivement la politique monétaire est pilotée. En fait, la crise du Covid a juste montré ce qui se passe toujours : quand il y a une crise qui arrive, on fait tourner ce qu’on appelle la planche à billets, la création monétaire no limit, les taux d’intérêt deviennent négatifs ou quasiment. Donc c’est no limit, au contraire. C’est le principal intérêt de ce qu’on appelle la monnaie élastique, la monnaie en quantité illimitée, c’est de faire face aux crises et de lancer des guerres. Quand c’est pour lancer une guerre, c’est très embêtant, les gens le regrettent en général. Quand c’est un virus, ont fait la guerre à un virus, c’est le même principe mais c’est plus consensuel. Non, les taux d’intérêt, c’est juste, à mon sens, une forme de fraude, parce qu’ils ne sont pas justifiés. Mais ils sont socialement acceptés parce qu’il y a une confusion entre les prêts entre particuliers et les prêts bancaires. Donc les gens, dans leur esprit, quand ils font un prêt entre particuliers, ils ont intégré le fait qu’il y a les intérêts (c’est le loyer de l’argent). Et quand c’est un prêt bancaire, le banquier dit qu’il y a des intérêts et ils l’acceptent tout d’un coup, parce qu’ils n’ont pas en tête ce que je vous ai expliqué au début. La plupart des gens ne l’ont pas en tête, ça, évidemment puisqu’on ne le leur explique ni à l’école ni même souvent à l’université. Mais c’est une fraude. D’ailleurs la finance islamique (que certains connaissent) interdit les intérêts sur les prêts bancaires, à ma connaissance… sur tous les prêts ! (Bon ça c’est encore plus radical). Mais c’est juste pour dire que cette fraude-là a du mal à être détectée. Mais je ne pense pas qu’on pilote l’économie avec le monopole monétaire. Je pense qu’on peut plumer une économie avec le monopole monétaire mais en aucune manière on peut le piloter ou quoi que ce soit. L’économie est beaucoup trop complexe pour que ce soit pilotable, surtout avec un seul système monétaire.
Le Public : Pourquoi la proof of stake est moins verte ?… Surtout que vous avez dit qu’il y avait un nombre de coins illimité alors qu’au final, il y a plusieurs exemples de blockchain où ce n’est pas le cas.
Pierre : D’accord donc je n’ai pas été compris. Merci pour la question.
Quand je dis que c’est illimité, ce sont les coins à preuve d’enjeu dans leur globalité qui sont en quantité illimitée. Ce n’est pas une monnaie en particulier. On peut avoir une monnaie PoS en quantité limitée, ce que je disais tout à l’heure, c’est qu’on peut en créer autant qu’on veut. Ce n’est pas comme le minage où pour créer une monnaie preuve de travail, il faut acheter du matériel et il faut payer les factures d’électricité. Si c’est une monnaie à preuve d’enjeu, il n’y a rien à faire, il suffit de la créer et d’avoir des signataires, mais il n’y a aucun investissement, ni de facture d’électricité à payer. Donc on a une quantité illimitée puisque la création de ces systèmes est sans limite. Alors que si vous me dîtes « je vais créer une monnaie à preuve de travail », il va falloir acheter du matériel du minage, il va falloir dépenser de l’électricité parce que si vous ne le faîte pas, vous avez une preuve de travail à zéro et votre chaîne a va être réorganisée. On l’a vu avec le BSV (Bitcoin Satoshi Vision) notamment, qui n’a pas beaucoup de puissance de travail, juste une puissance de hashage. Vous savez le truc de Craig Wright, Satoshi… ils ont été organisés, enfin il y a plein de d’attaques, donc ce n’est pas assez sécurisé, on ne peut pas mettre son argent là-dessus. Donc ce n’est pas la même chose. Le problème d’une preuve d’enjeu n’est pas qu’une chaîne soit en continuité ou pas. C’est que collectivement, les coins à preuve d’enjeu soient en quantité illimitée, contrairement aux coins à preuve de travail.
Le Public : Pour continuer là-dessus, est-ce que les monnaies à preuve de travail sont vouées à disparaître ? Ou c’est juste que les preuves d’enjeu sont nouvelles, émergent et elles viennent faire concurrence ? Ou elles vont vraiment prendre la place et faire disparaître les monnaies à preuve de travail ?
Pierre : Les monnaies à preuve de travail, comme je l’ai expliqué, n’ont pas d’intérêt à être multiples. Il n’y a pas d’intérêt à multiplier les monnaies à preuve de travail parce qu’on a une certaine quantité d’énergie globalement qui est utile mais on la répartit sur plusieurs blockchains donc chaque blockchain est moins secure que si je mets toute cette énergie sur une seule blockchain. Ça serait moins efficace. Il y aurait une perte d’efficacité. Donc les monnaies à preuve de travail ont tendance à se consolider sur une seule, en l’occurrence bitcoin. Je ne vois pas d’autres monnaies à preuve de travail qui prendrait la place de bitcoin.
Par contre les monnaies à preuve d’enjeu, il n’y a pas de mécanisme de consolidation donc elles vont continuer d’exister, à mon avis, comme l’euro. L’euro ne va pas disparaître. Les monnaies en preuve d’enjeu ne vont pas disparaître. Par contre elles ne seront jamais la même chose que bitcoin. Il n’y a pas d’énergie, donc c’est vraiment la monnaie fiat. Il faut y croire. Il faut croire aux signataires qu’ils sont sélectionnés, à la communauté. Ethereum est très confiant en sa communauté et ils ont peut-être d’ailleurs raison parce qu’il y a beaucoup de gens qui s’intéressent à Ethereum, il y a de vraies applications. Donc on peut être confiant dans la communauté Ethereum pour passer en preuve d’enjeu sur Ethereum.
Je ne dirais pas la même chose de tous les projets à preuve d’enjeu dans la durée. Mais je ne crois pas contrairement à ce qu’on entend parfois, qu’il y aura une consolidation massive des cryptomonnaies. Je pense qu’il y aura toujours un foisonnement. Mais les gens vont rapidement faire la différence entre les monnaies or (Bitcoin) et les pièces en fer blanc qui ont une utilité économique puisqu’elles servent dans les échanges. Les pièces en fer blanc, historiquement, quand on les laissait circuler, c’est parce que on avait besoin de transacter et que ces monnaies étaient disponibles, tout simplement. Alors que les bitcoins sont plus voués à la thésaurisation et à servir de backbone peut-être pour certaines applications monétaires. Donc je pense qu’il n’y aura pas de disparition, de consolidation sauf sur la preuve de travail pour Bitcoin, pour les raisons que j’ai indiquées. Sur preuve d’enjeu, il n’y a pas cette mécanique de consolidation a priori.
Le Public : Beaucoup qui se demandent quel est votre avis sur hashgraph par rapport aux blockchains que l’on connaît.
Pierre : Il y a eu les NAG aussi, c’est-à-dire un IOTA, c’est ça ? Du coup ce n’est plus une blockchain, techniquement. Ce sont d’autres mécaniques de liens pour lier les transactions entre elles, pour arriver au même résultat, qui évite la dépense. Simplement moi quand j’avais lu white paper d’IOTA, avec ses fameux Graph Acyclic, j’étais très très sceptique par rapport à la résistance, par rapport à des attaques. Je comprends la résistance qu’on peut offrir à des attaques dans le cas de bitcoin. Je n’ai pas compris ce qui faisait cette résistance à la fois aux censures et aux attaques. Donc quand je n’ai pas compris, je ne vais pas beaucoup plus loin, en fait. Mais encore une fois, je suis pour le pluralisme monétaire. Mon discours n’est pas de dire que le bitcoin va remplacer l’euro, que la preuve de travail est mieux que la preuve d’enjeu. Je veux juste que les gens décident en connaissance de cause pourquoi ils utilisent une monnaie plutôt qu’une autre. C’est pour ça que je souligne des aspects de preuves d’enjeu qui sont tus ou mal expliqués. Si vous achetez à une monnaie à preuve d’enjeu, sachez qu’elle est en quantité illimitée. Par exemple les Ethers sont en quantité illimitée. Je vous le rappelle aussi parce qu’en termes d’investissements et de réserve de valeur, ce n’est pas la même chose.
Mais sur les monnaies à graphe acyclique, si vous comprenez ce que vous achetez, pourquoi pas ! Je n’ai aucun a priori.
Le résultat de l’expérience d’IOTA n’est pas très favorable. Je ne sais pas si c’est lié à la technologie où à l’équipe du projet. C’est ça que je ne sais pas. Comme il y a des centaines de monnaies, j’ai décidé de ne pas m’intéresser à celle-là parce que je la considère comme pas porteuse d’une innovation avec un effet « whaou ! ». J’étais plutôt sceptique. Mais c’est une analyse personnelle et je me garderai bien d’avoir un avis définitif sur la question. Il faudrait y passer du temps et le temps n’est pas illimité, lui ! Donc on choisit nos sujets, nos combats. Et moi déjà si je peux parler valablement et m’intéresser valablement à la preuve de travail et preuve d’enjeu, je peux m’occuper à temps plein.
Le Public : Est-ce que, comme certains, vous diriez que bitcoin repose sur l’énergie ?
Pierre : Complètement ! Il repose sur une bonne compréhension de la science de l’énergie. Tout à fait. Puisque c’est une représentation d’une énergie passée et c’est très complémentaire par rapport à des systèmes qui eux sont des promesses d’énergie, comme l’euro et le dollar. Ce sont des promesses de l’énergie, celle de l’emprunteur qui rembourse le prête. Donc de ce point de vue, effectivement, bitcoin est cette grande avancée qui permet de remplacer l’or, qui n’a pas vraiment une preuve d’énergie. En fait, une pièce d’or, c’est un stock d’énergie. C’est plus qu’une preuve, c’est un stock d’énergie ! Donc passer du stock à la preuve, donc la matière première à l’information avec bitcoin, ça, c’est une grande avancée, une grande prouesse. Parce que c’est différent de la promesse d’énergie.
Alors il est vrai que la preuve d’enjeu dont j’ai parlé vient un peu brouiller les cartes parce que c’est une preuve d’énergie avec l’énergie à 0. Conceptuellement, c’est vraiment difficile, du point de vue pédagogique, du point de vue du grand public, par exemple, qui déjà a du mal à comprendre comment fonctionne l’euro. On ne lui explique pas donc il faut déjà commencer par ça. Ensuite expliquer qu’il n’y a pas que des promesses d’énergie, on peut aussi travailler avec des preuves d’énergie. Et dans les preuves d’énergie, on peut avoir des systèmes avec des preuves d’énergie à zéro ! … et des preuves d’énergie assez faibles, comme dans le cas de bitcoin cash. En fait, ce n’est pas un paysage… c’est un spectre qui va d’une énergie passée à l’énergie future, en passant par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Et ça, c’est une avancée en soi, cette diversité !
Le Public : J’ai peut-être un peu mal compris la différence entre l’or et le bitcoin dans cette optique-là. Est-ce que vous pourriez la réexpliquer ?
Pierre : Quand on a une pièce d’or, c’est un stock d’atomes. C’est E=MC². J’ai de l’énergie nucléaire. J’ai l’énergie de l’extraction, qui est prouvée. De ce point de vue, la pièce d’or a une preuve de cette énergie d’extraction aussi. L’énergie de la logistique de l’or parce qu’il a fallu amener l’or au lieu de la transaction. Et donc de ce point de vue, c’est différent de bitcoin, qui est une information que je peux donc copier sur plein de supports, si j’ai peur de les perdre, sachant qu’à la fin je ne pourrai en dépenser qu’un, évidemment. Il n’y aura pas de double dépense. Mais par contre c’est ça la différence entre l’information et l’énergie. La conservation d’énergie, c’est que je ne peux pas copier une pièce d’or, je ne peux pas copier l’énergie. Par contre si c’est un bitcoin, je peux le copier, sans toutefois pouvoir le dépenser deux fois.
Le Public : Au sujet de Paymium, l’entreprise existe depuis dix ans. Pourquoi est-ce que vous ne proposez pas d’autres monnaies que le bitcoin ? C’est une conviction personnelle ?
Pierre : C’est une bonne question. C’est une conviction, que pour les investisseurs qui viennent avec des euros, c’était effectivement pour m’assurer qu’ils n’allaient pas acheter ce qu’on appelle un « cheet coin » et se brûler les ailes et ne plus revenir, c’est-à-dire sortir de l’écosystème. Donc effectivement le fait de proposer du bitcoin, on est sûr que les gens ne vont pas jouer avec des monnaies où ils risquent d’être « Rekt », comme on dit dans le jargon. Donc c’est un choix personnel. Après, en 2017 – 2018, on a bien vu qu’il y avait un vrai décollage de Ethereum, c’était évident avec les tokens donc de nouvelles applications. Et là on a lancé une plate-forme qui s’appelle blockchain.eu : c’est une plateforme qui traite des tokens et des Ethers. Mais on est en train de la migrer sur Paymium parce qu’on s’est aperçu que c’était compliqué de gérer deux plateformes. C’est quelque chose qui va être déployé début 2022, donc on est en train de le faire.
Le Public : J’ai une petite question qui va faire appel à votre mémoire : Qu’est-ce qui a fait qu’en 2011, vous avez fait le pari sur bitcoin ? C’est un pari comme dans notre monde spéculatif… on parie sur tout ! Qu’est-ce qui a fait, intellectuellement, pour vous, qu’en 2011… vous êtes diplômé, vous vous dîtes “je vais là-dessus, je le sens, j’ai un truc !” ?
Pierre : C’est très simple. Je suivais le projet depuis quasiment ses débuts… Enfin, aux débuts, c’était le white paper, totalement génial, sur la liste de cryptographie, la mailing list donc, comme on voit passer beaucoup d’informations sauf que là, c’était un truc que les gens cherchaient depuis 20 ans, donc !!! Avoir la solution à un problème qui est posé depuis vingt ans, c’est comme le grand théorème de Fermat. Le grand théorème de Fermat, la démonstration fait 2000 pages, alors que dans le cas de bitcoin, c’était 8 pages ! Donc tout le monde pouvait la lire. C’est ça la différence entre les deux… pour un scientifique comme moi en tout cas. Donc j’ai pu lire les huit pages et être totalement convaincu par le papier.
Après le projet c’est autre chose. Un papier c’est une chose et l’implémenter, le coder, c’était autre chose.
Et en 2011, de mon point de vue, on ne pouvait plus avoir de doute sur le fait que ça marchait. Passer du white paper à quelque chose qui marchait.
Ce n’était pas très clair jusqu’en 2010. Et en 2011, bitcoin est passé à 10 euros alors qu’il se traînait en dessous d'1 euro auparavant. Parce qu’il y a eu un article dans un journal américain je ne sais plus lequel… Ford je crois… donc on a pour la première fois un article dans un grand média qui parlait de bitcoin et ça a fait monter le cours à 10 euros. Et là, en regardant, on pouvait voir que le truc marchait ! Donc moi, je me suis dit, si c’est un truc qui passe de 0 à 10 euros en deux ans et que ça répond à un problème crucial de l’économie, c’est-à-dire la mainmise des banquiers centraux, le monopole monétaire qui vole en éclats, là, j’ai décidé de me consacrer à temps plein. C’est totalement aligné avec ce que je croyais qu’il fallait faire pour libérer l’économie et redonner de la souveraineté aux gens.
Le Public : Merci les médias, du coup ?!
Pierre : Oui parce que c’est eux qui ont fait monter le cours, même s’ils en ont mal parlé. Mais le simple fait d’en parler a fait passer le cours de 0,1 à 10 euros !
Le Public : Toujours sur ses débuts : Vous étiez sur la cryptographie mailing list ? C’est comme ça que vous avez découvert le bitcoin ?
Pierre : Oui. Je suivais l’actualité de la crypto depuis longtemps parce que j’ai eu la chance de rencontrer des cryptologues. Moi, je préfère parler de cryptographes mais il paraît qu’il faut dire cryptologue.
« …Jean-Jacques Quisquater… » J’ai découvert ça aux Etats-Unis, en travaillant sur des projets qui faisaient appel à la cryptographie et j’ai trouvé que c’était passionnant. Donc j’ai suivi ce truc-là. Je me suis abonné à des mailing list parce qu’à l’époque, c’était comme ça, on parle des années 90 ! Ça a pris du temps et effectivement j’ai vu passer cette news parce que j’étais sur la mailing list et quand on s’intéresse à un secteur on regarde ce qui se passe. En l’occurrence c’était quand même une grosse nouvelle de résoudre un problème jugé utile. Le grand théorème de Fermat, c’est 350 ans pour le résoudre ! Là, c’était quelques décennies. Mais ça restait un vrai problème à résoudre : le réseau sans administrateur.
Le Public : une question sur les débuts de Paymium : Paymium a été créé en 2011. En 2013, il y a Mtgox qui s’effondre. Il y a des histoires de Silk Road etc. Vous avez dû avoir un peu chaud sur ces quelques premières années, non ?!
Pierre : En fait la chute de Mtgox était plutôt une bonne nouvelle parce que ça voulait dire qu’on allait récupérer des clients nouveaux ! Après sur le cours, à court terme, ça a eu un effet négatif sur le cours évidemment puisqu’il brassait je crois 600 000 bitcoins en « Custody » à l’époque. C’était énorme mais c’était plutôt une bonne nouvelle pour nous.
Moi je considérais que c’était une plateforme avec un peu un one man show, avec quelqu’un d’un peu mégalo et pas très clair…pas du tout un génie informatique, contrairement à ce que j’ai lu ! C’était pas du tout un génie informatique. Il avait récupéré une plateforme qui n’était pas très solide, technologiquement, c’est le moins qu’on puisse dire. Donc je n’étais pas surpris de la chute de Mtgox. Pour nous, c’était plutôt une bonne nouvelle. Ça nettoyait, ça faisait passer le marché à quelque chose de plus pro, moins amateur.
Le Public : une question du coût : pour en revenir à la PoS et à la PoW, ça veut dire que bitcoin est condamné au final à rester une réserve de valeur et il ne pourrait pas y avoir de layer 2 ou layer 3 avec la DeFi, les Smart Contracts, comme sur Ethereum…
Pierre : Oui, il y a un layer pour le paiement avec Lightning.
Mais il n’y a pas de layer 2 avec Smart Contract aujourd’hui.
Aujourd’hui, il y a le projet RSK (RootStock) quand même. A mon avis, il est assez proche de ce que fait d’autres projets de Smart Contract comme Ethereum.
Mais de toute façon le problème de ces plateformes, c’est le passage à l’échelle. Donc je pense que sur les Smart Contracts, on ne va pas assister à une plateforme qui gère. Ça ne me paraît pas technologiquement viable. Mais plutôt une multiplicité de plateformes, ce qui fait un modèle assez différent. Et dans ces plateformes, il y aura des Smart Contracts bitcoin avec RSK ou d’autres techniques.
Les Smart Contracts, pour plein de raisons, c’est différent de l’application monétaire qui reste, pour moi, la plus chargée d’impact sociétal. Parce que les Smart Contracts, entre nous, c’est quand même une histoire de problèmes de riches !
Le Public : Oui mais il y eu les DAO aussi par exemple…
Pierre : Oui, les Dao. Vous connaissez la définition des DAO ? C’est un groupe d’investisseurs qui pensent pareil ! (Rires) Ce n’est pas exactement la même chose qu’un système monétaire aussi décentralisé que bitcoin.
Le problème de tout ce qui est Smart Contract, de toute façon, c’est que ce n’est pas résistant à la censure… pas vraiment… puisqu’il y a des enjeux, donc vous êtes régulés, on connaît les signataires, c’est difficile de rester sous les radars donc ce n’est pas résistant à la censure. C’est vraiment différent de bitcoin.
Je ne pense pas qu’on oppose les deux. Les deux ont des fonctions intéressantes. Et bitcoin s’est plus positionné sur le monétaire. C’est le réseau de paiement, déjà ça, c’est énorme ! Réserve de preuves pour tout ce qui est provenance, tout ce qui est tracking des documents etc. aussi c’est beaucoup mieux que les chaînes à Smart Contract.
Mais les Smart Contracts, c’est une application bien particulière, qui pose des problèmes de scalabilité, que ce soit sur bitcoin ou sur des chaînes.
Le Public : A titre personnel, que pensez-vous des NFT ?
Pierre : C’est vrai que je n’en ai pas parlé et que c’est quelque chose qui intéresse beaucoup les gens. Là, il y a un vrai sujet. Les tokens, c’est vraiment la possibilité de financer des projets, lancer facilement une monnaie pour financer un projet. Les NFT, c’est encore autre chose, c’est d’autres applications. Mais on a du mal à cerner la gamme de toutes ces applications parce qu’on a beaucoup potentiellement, avec les NFT et c’est très intéressant.
Nous, chez Paymium, en tout cas, on va on a prévu d’intégrer les NFT. C’est dans notre roadmap, notre feuille de route… de proposer les NFT à nos clients parce qu’on considère que c’est vraiment intéressant… sur des applications qui restent un peu à déterminer.
Je n’y crois pas trop par exemple pour l’art, si ce n’est pour le « Generative Art », donc l’art qui est fabriqué avec des scripts. J’y crois peut-être aussi pour la musique, c’est quand on rejoint la DRM et la distribution des royalties. Mais ce n’est pas très clair encore les cas d’usages. Après, tout ce qui cartes de collections évidemment, mais là c’est plus une bataille d’ayants droit et de propriété intellectuelle qu’une bataille technologique.
Le Public : Comment Paymium se situe par rapport aux autres exchanges internationaux comme Binance ou Kraken, en France et à l’étranger ? En nombre de clients ? Est-ce qu’il y a des discussions prévues avec ces acteurs (des fusions, des collaborations) ?
Pierre : C’est une bonne question. Nous on est on est régulé en France déjà, ce qui n’est pas le cas de Binance par exemple ou de Coinbase. Nous, on est régulé en France, enregistré à l’AMF. On a 250 000 clients. Ces plateformes-là en ont plusieurs millions ! Ça veut dire qu’ils ont des pratiques « d’onboarding », comme on dit dans le jargon, des méthodes d’enrôlement des clients qui ne sont pas les mêmes peut-être que dans un marché régulé comme la France… sous-entendu il y a peut-être eu à certains moments un peu de blanchiment d’argent, je ne sais pas mais c’est possible en tout cas. Nous, on est resté à l’écart de ces pratiques. On a 250 000 clients mais c’est largement suffisant pour nous faire vivre et continuer à progresser. On fait un facteur 2 les volumes de dépôts enfin voilà on a des métriques qui sont vraiment en forte progression. Donc moi, ça me va. Je ne suis pas dans la course nécessairement avec Binance, puisqu’on ne joue pas avec les mêmes armes sur le même terrain. C’est un autre jeu.
Le Public : Vous êtes en France depuis 2011, donc un échange depuis longtemps. Comment avez-vous appris la nouvelle la collaboration de la France avec « CZ » de Binance ? … alors que vous êtes Français…
Pierre : Le fait qu’il ait été reçu par le sénateur en France ?
Le Public : Oui, que ce soit eux qui financent l’avenir de la France, alors que vous êtes Français et en France depuis longtemps.
Pierre : Oui, j’ai trouvé ça assez bizarre. Je pensais que les pouvoirs publics favorisaient les acteurs locaux et en fait, non.
Ça prouve qu’il y a un bug au secrétariat d’Etat du numérique, effectivement. C’est à eux de s’expliquer. Moi, je ne l’explique pas et je n’approuve pas. Je considère que leur rôle, ce n’est certainement pas de dérouler le tapis rouge à des concurrents étrangers, qui en plus, ne sont pas régulés et surtout, qui vont s’incorporer en Irlande, c’est-à-dire qu’ils ne vont même pas payer leurs impôts en France.
Donc je n’ai pas compris la démarche du secrétaire d’Etat. Peut-être que lui a une explication mais moi, je ne l’ai pas.
C’est une bonne question.
Le Public : Par rapport aux fiats, à Bitcoin ou autres monnaie… par rapport à ce qui se passe en ce moment (augmentation du prix…) …. Vous disiez qu’il y avait 2 milliards de gens qui n’avaient pas de compte sur la planère… Comment ces gens-là peuvent-ils avoir accès à bitcoin qui coûte 40 000 euros ? Ou est-ce que c’est une autre monnaie qui coûte moins cher ? C’est ça qui est assez difficile à cerner. Ok ça va peut-être remplacer les banques mais en même temps, est-ce que les banques, quand elles prennent un intérêt, est-ce que ce n’est pas pour assurer une stabilité de l’euro ou du dollar, et qu’on n’a pas sur toutes ces monnaies cryptos pour le moment ?
Pierre : Alors sur le prix à 40 000 € ou 50 000 € en ce moment, évidemment ce n’est pas nécessaire d’acheter un bitcoin. Vous pouvez utiliser une fraction de bitcoin. Je paie régulièrement les cours de musique de mon fils avec du bitcoin, donc je paie 80 € avec du bitcoin par exemple. Dans ce cas-là, le wallet calcule la quantité de bitcoins à la personne qui reçoit. Et si la personne elle veut les garder, elle les garde. Sinon, elle récupère les euros. C’est utiliser le bitcoin comme réseau de paiement.
L’avantage de cette technologie, c’est que pour les deux milliards de personnes… Alors il y en a aux États-Unis, environ 5 % des adultes qui n’ont pas accès à des services bancaires développés, donc c’est énorme, ça fait 16 millions de personnes ! Donc ils installent un wallet sur leur Iphone et ça y est, ils ont de quoi transacter, envoyer de l’argent à quelqu’un à l’autre bout du monde ou du pays, ou recevoir un paiement s’ils sont professionnels, s’ils vendent des services ou des biens.
Donc ça c’est vraiment une avancée de bitcoin. C’est quelque chose qui n’existait pas avant. Donc de ce point de vue-là, il y a cette utilité sociale indéniable. Et les 40 000 € ne sont pas liés à cet usage. Le fait que ce soit utilisé comme un réseau de paiement, ça a assez peu d’une influence sur le prix. Ce qui a une vraie influence sur le prix, c’est l’offre de bitcoins disponible. C’est la réserve de valeur qui pousse le prix vers le haut. Sur l’usage de réserve de valeur, bitcoin c’est à peu près 1000 milliards d’investissements. Il y a 10 000 milliards pour l’or par exemple.
On peut penser que dans les années qui viennent, le ratio entre l’or et bitcoin s’équilibre un peu plus. Si ça s’équilibre à 5000 milliards de chaque côté, déjà, ça veut dire que le prix du bitcoin sera multiplié par 5. Donc ça, c’est un premier élément.
L’autre élément, c’est la dilution de l’euro. Parce que souvent les gens me disent « ouais mais ça va s’arrêter parce que les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel etc. ». Moi je dis « Les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel mais les monnaies fiat, elles, peuvent tomber à zéro ! ». Il y a des monnaies qui peuvent tomber par terre. Si l’euro tombe à zéro, le prix du bitcoin devient infini ! Vous êtes d’accord, puisque c’est une division par zéro. Donc oui, on ne monte pas jusqu’au au ciel. Mais il y a des monnaies qui tombent par terre. Il faut bien avoir ces deux choses-là en tête. On dit que depuis la crise du Covid, il y a 40% d’euros en plus en circulation. Donc l’inflation, au sens inflation de la masse monétaire, c’est 40% sur les sur les deux ans de la crise du Covid ! Et peut-être plus en dollar ?! Oui c’est à peu près du même ordre. Mais c’est dire que l’inflation à 40 % sur 2 ans, ce n’est pas les 2% que mesure l’INSEE !! Alors pourquoi l’INSEE ne mesure que 2% ? C’est parce qu’ils prennent un panier de consommation dont ils ont enlevé tout ce qui augmentait trop. Ils enlèvent tout ce qui augmente ! Ils mettent la baguette de pain… donc la baguette de pain, c’est le revenu du boulanger. Le revenu du boulanger, lui, il n’augmente pas. Par contre, l’immobilier… parce que les banques en ont beaucoup, de l’immobilier ! Ils ont des actions… Alors il y a des gens qui disent, notamment Saifedean Ammous qui a écrit un bouquin qui s’appelle « L’étalon bitcoin » … Lui dit « la vraie mesure de l’inflation c’est le CAC 40. C’est le S&P 500 aux États-Unis. C’est ça la vraie mesure de l’inflation, parce qu’en fait, les entreprises, Elles ne valaient pas plus ou moins qu’aujourd’hui. En tout cas, elles n’ont pas changé de valeur dans un ratio de 40%. On est d’accord. Donc ce qui a changé, c’est la mesure en euros de leurs valeurs, donc ce qu’on appelle l’inflation du prix des actions. Et ça, c’est plutôt 40% effectivement, plutôt que 2%. Donc il y a une première fraude : celle sur les intérêts. La deuxième fraude : la désinformation sur l’inflation, par une présentation, à mon avis, malhonnête, par un organisme (l’INSEE), qui est censé faire ça avec nos impôts, dans l’intérêt général. En réalité, ce que j’observe, c’est que l’INSEE est au service du gouvernement pour présenter un chiffre d’inflation qui lui va bien. Parce que si on compose un panier de consommation, ça n’a plus rien de scientifique. La discussion, c’est juste « qu’est-ce que je mets dans le panier ? ». Et si vous enlevez effectivement tous les actifs que possèdent les banques, c’est-à-dire ce qui gagne de la valeur, il ne reste plus que des choses qui ne s’apprécient pas. Le revenu du boulanger n’augmente pas alors que le loyer et tout ça augmente considérablement.
Donc ça, ce sont des fraudes qui sont subtiles. Là, on en parle parce que vous êtes sur le sujet. Mais la difficulté, c’est de l’expliquer à l’ensemble de la population. C’est très compliqué puisque tous les rideaux sont tirés pour que ce message passe. C’est impossible de faire passer ce message parce que vous n’avez pas accès aux médias pour dire. C’est interdit de dire ça à l’antenne. On est obligé d’en parler entre nous et d’espérer que, par le bouche-à-oreille, on commence à questionner le système, des taux d’intérêt, de monopole, de propagande… il faut appeler les choses par leur nom…, de désinformation sur les questions monétaires, de délimitation du débat pour sortir du débat tout ce qui gêne (donc le monopole de la monnaie). Voilà c’est ça le message que j’essaie de faire passer.
Le Public : Qui tu appellerais dans le milieu ? De qui a-t-on besoin dans l’écosystème, pour faire avancer les différentes causes ? la tienne d’abord si tu veux et les différentes causes qui concernent le reste de l’écosystème, autour des NFT et de plein d’autres choses.
Pierre : Je pense que c’est un effort collectif. Tout le monde ici dans cette salle fait partie de cet effort, parce que le simple fait de s’intéresser au sujet, c’est énorme ! Il y a tellement de gens qui passent à côté.
Donc s’intéresser au sujet, le fait de se l’approprier, pour pouvoir en parler autour de soi. Voilà c’est comme ça. Comme les logiciels libres, ils marchent comme ça, en fait. Par l’adhésion, par l’addition des communautés. C’est là tout l’intérêt de ces nouvelles monnaies qui se créent aussi, c’est qu’elles ramènent des nouvelles communautés. Les NFT, par exemple, sont très bon pour ramener des tas de gens sur ces usages de crypto, pour familiariser les gens avec les cryptos.
Il n’y a pas de solution miracle. Je pense que c’est chaque patron d’entreprise qui est convaincu aussi : Michael Saylor, le patron d’Ubisoft. Ce sont des gens comme ça qui font avancer. Le patron de Tesla…ça dépend des jours ! Mais dans le cas d’Ubisoft, des micro-stratégies ont permis d’aligner leurs paroles avec leurs actes et donc là c’est intéressant. Mais ça dépend des patrons aussi. Des marchands qui acceptent les paiements en bitcoin. Chaque jour, chaque semaine, il y en a davantage qui acceptent des paiements en crypto. Tout ça participe au développement de l’écosystème.
Le Public : Beaucoup plus de personnes et une variété beaucoup plus grande de personnes ! Il faut des UX, il faut des femmes massivement. On est extrêmement masculinisé et ça, c’est dramatique !
Pierre : Oui, c’est à ces dames qu’il faut poser la question.
Le Public : Non il y a beaucoup d’intérêt pour l’innovation mais il y a aussi beaucoup de « gang speech », dès qu’on 3 ou 4 à parler…entre nous, on set club etc.
Pierre : Je ne pense pas qu’il y ait de barrières…
Le Public : Et il y a des barrières pédagogiques
Pierre : Des barrières pédagogiques, je veux bien.
Le Public : Ce n’est pas seulement les femmes. C’est le fait de parler entre nous, d’être très content. Comme on est rare, on est encore une espèce rare, on a tendance à vraiment se reconnaître quand on maîtrise un certain nombre de concepts, un certain nombre de principes moraux, un certain type de vocabulaire. Et on ne se rend pas compte qu’en faisant ça, on éloigne des personnes dont on a besoin dans l’écosystème. On a besoin de designers, on a besoin de marketeurs, on a besoin de gens qui vont trouver des tas d’usages auxquels on n’a pas du tout pensé. C’est comme si on avait mis que des devs pour faire exploser internet fin 90, on y serait encore un truc qui clignote en vert !
Pierre : Oui, c’est vrai.
Le Public : Que pensez-vous des problèmes de fongibilité de bitcoin et des alternatives comme Monero qui… ?
Pierre : C’est une très bonne question. Je ne suis pas sûr qu’il faille y penser grand-chose.
Je pense que la privacy, c’est un aspect très important des cryptomonnaie. La résistance à la censure, en tout cas, plus encore que la privacy. Parce que la privacy sur internet, c’est très difficile à maîtriser. Je ne pense pas que l’utilisateur moyen soit capable de rester anonyme dans sa navigation sur internet, et a fortiori dans ses transactions en crypto. Donc ce n’est pas assez.
Par contre, la résistance à la censure, ça, c’est super important, effectivement. Ça peut passer par des monnaies comme Monero ou d’autres. Mais bitcoin, avec Taproot, a amélioré les choses. Ce n’est pas encore parfait mais c’est à un niveau assez satisfaisant, en tout cas par rapport à ce qui existait avant. Après c’est le chat et la souris. C’est un processus, la privacy, ce n’est pas quelque chose de statique. Comme la sécurité.
Dans le cas de bitcoin, on a un processus qui fonctionne, une avancée avec Taproot et d’autres fonctionnalités, dans la dernière version de Bitcoin core.
Ce n’est jamais gagné. C’est un combat qui continue. Donc je n’ai pas de réponse vraiment claire à votre question mais je pense que c’est un souci qu’il faut garder à l’esprit, sur la résistance à la censure en tout cas.
Le Public : Oui effectivement la dernière fois que j’ai parlé avec des gendarmes, que je leur ai demandé ce qu’ils pensaient quand des activités criminelles faisaient circuler du bitcoin, ils ont fait un sourire mais jusqu’aux oreilles ! « On est ravi ! » Maintenant que les gendarmes sont formés, ils sont hyper contents que les criminels utilisent bitcoin. C’est beaucoup plus facile, 10 fois plus facile, c’est pour ça que c’est 10 fois moins utilisé. »
Le Public : Il y a les mixeurs Le public : Il y a les mixeurs mais une fois que tu utilises un mixeur, m’a dit un avocat, tu es automatiquement grillé. C’est comme ajouter un drapeau pour dire que je suis dans les activités illicites.
Le Public : Voilà c’est ça ! Si nous, on se met tous à utiliser des mixeurs… Si tout le monde utilisait un mixeur, ce serait une vraie protection.
Le Public : Et c’est que Tor est vérolé. On vient de voir que Tor est vérolé, avec 900 serveurs. C’est vraiment nouveau et ça ne m’a pas fait plaisir, même si je n’utilise pas Tor. Il y a 900 serveurs à peu près de vérolés, depuis pas mal d’années, donc c’est très embêtant.
Pierre : Et puis ils censurent le Torproject.org en Russie. Il y a des attaques sur Tor régulièrement.
[Applaudissements]
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